Les Francofolies eschoises sont de retour et avec elles une poignée de promesses écologiques. Le festival se réinvente pour offrir une expérience qui se conjugue avec la préservation de notre planète

L’écologie, invitée star des Franco

d'Lëtzebuerger Land du 16.06.2023

Le week-end dernier, les amateurs de musique ont assisté à la version luxembourgeoise des Francofolies, à Esch-sur-Alzette. Cette troisième édition a attiré plus de 25 000 festivaliers contre 15 000 l’an passé. Il faut dire que les têtes d’affiche vendaient du rêve : DJ Snake, Orelsan, Angèle et beaucoup d’autres encore. Un moment fort où les couleurs de l’écologie se sont présentées au cœur des festivités. Tout a été mis en œuvre pour limiter l’impact écologique et mettre en lumière la défense environnementale. Un véritable défi qui a été relevé, puisque le festival vient de recevoir le label Green Events, délivré par le ministère de l’Environnement, pour la première fois cette année.

L’impact écologique des grands rassemblements de musique est de plus en plus souvent pointé du doigt. Aussi, les Francofolies se sont affichées « eco-friendly », à commencer par les artistes venus y jouer. Plusieurs d’entre eux ont déjà montré leur intérêt pour les questions écologiques, même si cela relève parfois d’un certain opportunisme. On se souvient que DJ Snake a déjà participé au « Global Citizen Live », un évènement destiné à rendre attentif au réchauffement climatique. Quant à Orelsan et Angèle, ils attirent souvent l’attention de leur communauté sur ces problématiques à travers les réseaux sociaux ou certains de leurs textes.

Dans l’écrin vert du Parc du Gaalgebierg, grand nombre des éléments du mobilier et de la scénographie a été réalisé à partir de matériaux recyclés ou reconditionnés. Le site internet des Francofolies a aussi été conçu et programmé de manière éco-responsable, grâce à plus de cent « bonnes pratiques » visant à diminuer considérablement son besoin en énergie. Par exemple en choisissant un design simple, en éliminant les fonctionnalités non-essentielles ou en quantifiant précisément les besoins.

Mais un tel événement avec autant de monde peut être synonyme de désordre, surtout au niveau des déchets. Tout a été prévu : les verres comme la vaisselle, tout était consigné, aucune trace d’emballage plastique. On trouvait des poubelles où l’on pouvait trier, tous les quelques mètres. Au sol, rien à signaler mis à part l’herbe verte du Parc du Gaalgebierg. Ce dernier est d’ailleurs à quelques pas de la gare d’Esch-sur-Alzette, pratique pour le festival qui encourage les transports en commun et la mobilité douce pour venir. Étaient aussi mis en place des navettes, garage à vélos et la promotion du train et du covoiturage. Une bonne partie des gens présents ont préféré ces moyens de locomotion à la voiture, quand bien même de nombreux couacs ont été signalés sur l’absence de trains directs vers la capitale ou vers la France, des problèmes de correspondances avec les bus et les navettes.

Entre les scènes, les bars, les snacks, on retrouvait d’autres petits stands où étaient proposé des ateliers pour éveiller les consciences et partager autour de thématiques écologiques. Parmi eux MèGO! et Shime, entreprises française et luxembourgeoise qui collaborent pour lutter contre la pollution liée aux mégots de cigarettes. Elles mettent par exemple en place des points de collectes de mégots en collaboration avec des villes ou des festivals pour les recycler et en faire des matériaux pour du mobilier. On retrouvait d’autres initiatives comme Rethink Your Clothes, qui informe sur l’impact de l’industrie textile. Ou bien encore des ateliers pour apprendre à recycler des bouchons, pour en faire des objets comme des cendriers de poche.

À noter que malgré tous les efforts fournis, ce genre d’événement aura toujours un impact environnemental. Que ce soit d’un point de vue énergétique avec les éclairages des scènes ou l’installation de celles-ci. Ou bien les moyens employés par les artistes ou festivaliers pour venir qui en général représentent jusqu’à 90 pour cent des émissions d’un tel évènement. Sans oublier la dégradation partielle des sols sur lesquels ont été installés les infrastructures temporaires. Réunir autant de monde à un moment donné aura toujours un impact, même s’il est limité.

Du côté festivaliers, le ressenti par rapport à tous les aspects écologiques de ces Francofolies est positif, tous sont globalement très ravis. Aucune des mesures prises n’a spécialement gêné ces derniers. Certains témoignent, comme Ines, venue de Thionville : « C’est quand même incroyable de pouvoir jouir d’un événement aussi incroyable, tout en mangeant bio et local ». Les performances de tous les artistes ont su faire danser, chanter et même hurler les festivaliers tout le long de la soirée, permettant ainsi au festival de très probablement revenir l’année prochaine et de frapper encore plus fort.

Noé Cahouch
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