Le guide de l'OAI

Clap dixième

d'Lëtzebuerger Land vom 15.08.2014

« Annuaire illustré de la construction luxembourgeoise » aurait aussi pu être le nom, long et ennuyant bien que descriptif, du guide références de l’Ordre des architectes et ingénieurs-conseils (OAI). Depuis 1994, l’OAI offre à ses membres de s’auto-référencer sur deux pages de ce guide. Pour ceux qui participent en résulte une espèce d’autobiographie succincte à édition biannuelle. Succincte, car le guide est on ne peut plus discret, on ne peut plus impartial. Informer le maître d’ouvrage (potentiel ou habitué) sur la panoplie de bureaux actifs dans le secteur de la construction, c’est la vocation et probablement la raison du succès du guide dont la pérennité semble assurée.

À travers les diverses éditions, l’OAI a cherché la formule optimale tant au niveau du graphisme qu’au niveau du format. Cette évolution est allée dans le sens de la rigueur et de l’équité soutenu par un graphisme dépouillé, un rien stérile, et qui assure une consultation, voir une lecture posée.

Un seul volume en 1994, d’une épaisseur d’à peu près un centimètre, était le format maintenu durant trois éditions. En 2002, la formule a changé, elle a été éclatée en trois volumes présentés sous forme d’un coffret, et a été maintenue durant trois éditions. Le troisième volume, appelé « références écologiques » (projets d’architectes et d’ingénieurs-conseils) en 2002, prend de l’ampleur en 2004 : « dossiers écologiques 2004 » incluant des réflexions théoriques des instances publiques et des membres de l’OAI, des projets et réalisations ainsi qu’un volet consacré à la formation en relation avec la construction et l’énergie. En 2006, le dernier des troisièmes volumes dénommé « portraits OAI 1999-2005 » n’est plus en relation avec l’écologie. À partir de 2008, le guide reprend sa forme originale : redevient livre, mais, gros livre ! L’épaisseur est passée à presque cinq cetimètres en 2014 et ceci grâce à l’augmentation nette des participants de 85 en 1994 à 182 en 2014. L’OAI quant à lui est passé de 592 membres en 1994 à 1 025 membres en 2013.

Cette métamorphose du guide qui à première vue semble visuel et graphique, reflète de manière fidèle le souci et les efforts de l’OAI et de ses membres à être, sinon anticipatifs, du moins certainement réactifs aux changements du climat politique et législatif qui cadre la pratique constructive et donc l’évolution de tout un secteur économique du pays.

Ainsi les préfaces du guide ont été diversifiées, voir ajustées suivant les modifications politiques et législatives. Le nombre de ministres invités à écrire une préface tout comme le nom des ministères respectifs reflètent ces changements sur une période de vingt années et cernent les divers champs d’influence politique sur le secteur de la construction. De 1994 à 2000, le ministre des Classes moyennes et du Tourisme ainsi que le ministre des Travaux publics. En 2002, voici les premiers changements : le ministre des Classes moyennes et du Tourisme comporte également le Logement, et s’ajoute le ministre de l’Intérieur. En 2006, le ministre de l’Intérieur est également ministre de l’Aménagement du territoire. En 2008, le guide compte quatre préfaces grâce à l’ajout du ministre de l’Environnement. En 2010, suite à la réorganisation générale des ministères, voilà le ministre du Logement, oui, que du Logement ; le ministre des Classes moyennes et du tourisme est gâté par l’Égalité des chances. Le ministre de l’Intérieur a pris de l’ampleur et s’avance également vers la Grande Région, alors que les Travaux publics et l’Environnement se retrouvent au ministère du développement durable et des infrastructures. Depuis 2012, le ministre de l’Économie et du Commerce extérieur a également droit à une préface.

Mais les modifications et regroupements ne se passent pas que du côté du gouvernement. Après s’être ouvert aux architectes d’intérieur dans l’édition de 2012, la véritable nouveauté de l’édition 2014 est le fait de présenter cinq groupements de professionnels du secteur. L’OAI s’est amplifié et comprend désormais architectes, ingénieurs-conseils, architectes d’intérieur, urbanistes/aménageurs et architectes-/ingénieurs-paysagistes. Cette diversité qui détermine la structure de l’ouvrage et s’annonce dès la couverture du guide, reflète l’évolution du secteur et du marché : un fine-tuning que l’on observe de manière générale dans les publications, les concours et les divers prix d’encouragements.

On aurait envie de trouver les dix éditions sur une grande table où l’on pourrait se mettre à bouquiner tantôt assis, tantôt debout, à sauter deux années en avant et en arrière, à poursuivre le devenir d’un bureau, à se remémorer l’heure de naissance de bâtiments aujourd’hui devenus décor, devenus emblématique, devenus histoire. Étonnements, frissons, découvertes et nostalgie garantis. C’est à faire au Forum Da Vinci au siège de l’OAI, seul, à deux ou en groupe, plus on de fou, plus on rigole.

Quant aux choses sérieuses, cette base de données est aujourd’hui une documentation, un observatoire. Mine de rien, et malgré eux les dix éditions du guide référence de l’OAI représentent un petit bout d’historiographie luxembourgeoise de la construction ainsi que de ses acteurs. De la matière première pour toute sorte d’études et de recherches sur le style architectural régional, le design graphique, la communication, l’évolution politique, sociologique ou économique du secteur de la construction et de tous les secteurs y reliés.

Shaaf Milani-Nia
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