Cinéma

How he met her

d'Lëtzebuerger Land du 08.07.2011

Que faire quand on est un New-Yorkais presque trentenaire, brun et légèrement barbu, un peu rêveur ? Boire du café en tapotant frénétiquement sur son Mac en pestant contre un rendez-vous foireux avec un éditeur ! Mais pour l’instant, Sam (Josh Radnor) a d’autres soucis : un réveil en retard, un métro bondé et voilà qu’un petit garçon, Rasheen (Michael Algieri), s’entiche de lui. Le jeune homme tente bien de le remettre aux autorités afin que sa famille d’accueil le récupère, en vain. C’est cette même journée qu’il va faire la connaissance de Mississipi, jolie chanteuse officiant comme serveuse, à qui il va maladroitement faire une cour assidue. Mais Sam n’est pas le seul à avoir des problèmes de timing amoureux : autour de lui gravitent Annie (Malin Akerman), éternelle optimiste fatiguée de l’être qui résiste aux avances d’un autre Sam, plus généreux mais moins chevelu que son menteur d’ex, et Mary Catherine (Zoe Kazan), qui a du mal à suivre son amoureux (Pablo Schreiber) dans ses rêves californiens.

Premier scénario et première réalisation du comédien Josh Radnor, HappyThankyouMoreplease sait indéniablement capter l’air du temps et la mélodie mélancolique qui s’échappe de ces vies new-yorkaises, un peu comme si les personnages de Friends avaient enfin décollé du canapé du Central Park pour vivre autre chose que leur autarcie relationnelle ou que les héroïnes de Sex and the city passaient un peu moins de temps à parler chiffons.

Et question séries, Josh Radnor n’est pas un débutant : après quelques apparitions dans des épisodes de Law and order, ER ou encore Six feet under, des références dans le domaine, il tient depuis 2005 le rôle principal de How I met your mother, série non moins culte où il campe un jeune homme… cherchant la femme de sa vie à New York. Outre un thème forcément proche, Radnor cinéaste semble s’être également inspiré du rythme et du mode de construction des personnages propres au format de la série : même si les aventures de Sam, s’étalant sur une semaine uniquement, priment, les caractères de Mississipi, Annie et Mary Catherine sont suffisamment étoffés pour ne pas servir uniquement de faire valoir et peuvent alors exister sans Sam.

Ils ont en commun cette soumission à la vie, cette propension à subir les évènements plutôt que de les instiguer et les investir, même Annie et sa réponse en apparence insolente à son alopécie. Si c’est bien la grandeur des relations humaines, et bien particulièrement l’amour, qui les chamboule et qui les fait, presque littéralement, se mouvoir, le ton général souhaité par Radnor se veut nettement plus cynique que celui de la comédie romantique. Les personnages sont confrontés à leurs contradictions de petits bourgeois-bohèmes, comme cette conversation sur les films de Woody Allen ou la situation dickensienne de Sam et Rasheen.

Bien sûr, on n’est pas à l’abri des habituels clichés de l’étiquette « indie » nord-américaine, tout reste léger et jamais bien immoral, mais l’attachement pour ces petites histoires sans conséquences n’est pas difficile, grâce notamment à un casting typé et une vision stylisée de New York : la ville apparaît ici comme une amie réconfortante de familiarité, un cocon flottant, transformant pour quelques instants la ville en bonbonnière.

Marylène Andrin
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