FirstMark

Make it broad

d'Lëtzebuerger Land du 29.06.2000

« FirstMark, explique Peter Sodermans, n'est pas une société de télécommunication, mais une société de broadband. » En effet, si FirstMark Luxembourg offre aujourd'hui aussi des services de téléphonie, son but premier est de permettre un accès à bande large à Internet (jusqu'à 2 Megabits, trente fois la vitesse d'une ligne ISDN) à une clientèle de petites et moyennes entreprises. Dans cette optique, la société est en train de construire un réseau national de communications reposant sur la technologie du wireless local loop (WWL), de la boucle locale radio. La société cotée en Bourse Audiolux (groupe Le Foyer) détient indirectement 25 pour cent dans FirstMark Luxembourg.

La particularité de FirstMark dans le paysage des opérateurs de télécommunications au Luxembourg est d'un côté sa vision - le broadband - et de l'autre les technologies mises en oeuvre. FirstMark opère depuis peu deux stations WLL, une au siège de CLT-Ufa au Kirchberg et une à son propre siège à la Cloche d'or. Une troisième au centre-ville suivra sous peu. La connexion des stations entre elles est assurée par des faisceaux hertziens opérés par Broadcasting Center Europe (BCE), une filiale de CLT-Ufa. La technologie de WLL a été développée en Israel et est fournie par Siemens. 

La prochaine étape de développement du réseau FirstMark au Luxembourg sera d'un côté la mise en service d'ici fin 2001 de 22 à 24 stations WLL permettant une couverture nationale. Celles-ci seront complétées par des technologies comme le xDSL, permettant des services à bande large sur le câble téléphonique traditionnel. FirstMark veut aussi établir son propre backbone en fibres optiques en louant ces infrastructures, par ex-em-ple auprès de Cegecom, à long terme. De la sorte, la société pourra garantir un service de bout en bout.

FirstMark Communications Europe, la société faîtière du groupe, a d'ailleurs son siège au Luxembourg. À la Cloche d'or se trouvent cependant que les services financiers, une douzaine de personnes, alors que les équipes de marketing et techniques se trouvent au Royaume-Uni. Au début du mois, FirstMark a levé pas moins d'un milliard de dollars en capitaux frais pour la mise en place d'un réseau pan-européen de communications à bande large spécialisé sur une clientèle de PME.

À son lancement au Luxembourg, FirstMark a repris Direct Telecom, la société de Peter Sodermans, aujourd'hui directeur de la filiale luxembourgeoise. Direct Telecom vendait des communications internationales à un même type de clientèle que celle qui intéresse FirstMark. Même si aujourd'hui les services voix n'ont plus de priorité stratégique pour la société.

FirstMark et ses 19 employés - chiffre qui devrait dépasser rapidement les trente - offre dès aujourd'hui plusieurs types de service : les communications internationales, l'accès à 2 Mb à Internet et les lignes louées nationales et internationales. Surtout ce dernier service rencontre d'ailleurs une forte demande. En ce qui concerne l'accès Internet à haut débit, FirstMark a encore beaucoup de travail de conviction à faire. Les prix proposés - 48 000 francs par mois pour un accès de 2 Mb/s - devraient toutefois aider. On estime qu'il s'agira dans les années à venir du marché avec les plus forts taux de croissance.

En attendant de convaincre en nombre suffisant les consommateurs finaux, FirstMark sera sans doute un partenaire très recherché par les autres opérateurs. La technologie de WLL leur permet en effet d'offrir une réelle et flexible alternative au infrastructures des P[&]T. Pour accéder au réseau FirstMark, il suffit en effet de fixer une antenne de réception, un boîtier de la taille d'un paquet de 500 feuilles A4, à l'extérieur du bâtiment en question. À condition de se trouver dans une zone couverte par une antenne WLL.

À moyen terme, le succès de l'offre de FirstMark dépendra - en outre de l'évolution de la demande des clients - des services concurrents. Du côté des P[&]T, la technologie xDSL de même que la pose de fibres optiques jusque chez le consommateur final permet d'offrir des services semblables. Même s'il reste à voir si la flexibilité et l'agressivité de l'opérateur traditionnel sera la même sur ce marché que celle de FirstMark. Un autre concurrent potentiel sont les câblo-distributeurs, dont l'offre dépend toutefois de l'étendue des investissements dans leurs infrastructures existantes.  

FirstMark est un des  rares exemples où le Luxembourg compte une certaine avance dans la libéralisation des télécommunications. Le Grand-Duché était en effet le premier pays à accorder des fréquences de boucle locale radio (en 3,5 et 26 GHz) à un opérateur alternatif. 

Le WLL n'est cependant qu'une première étape dans les services de FirstMark. Ils devraient être complétés rapidement par des services plus complets, passant des télécommunications aux applications Internet et autres logiciels qui traditionnellement sont achetés et opérés dans les bureaux mêmes des clients. 

Que dans cette nouvelle évolution des technologies de l'information (IT) le Luxembourg accueille dès maintenant un acteur ambitieux est sans doute encourageant. Même si dans le monde instable de l'IT il reste impossible de savoir à l'avance quelles idées s'imposeront et quels opérateurs survivront. 

 

Jean-Lou Siweck
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