Saccha Ley, CD Reine des neiges

Musique colorée en ambiance polaire

d'Lëtzebuerger Land vom 23.12.2016

La Reine des neiges, célèbre conte de fées danois de Hans Christian Anderson publié en 1844 prend une toute autre forme et dimension dans le dernier spectacle de Sascha Ley et Mathieu Lebrun. Der Gesang der Schneekönigin / Le chant de la Reine des neiges est une performance visuelle et auditive aussi onirique qu’ancrée dans une réalité contemporaine, notamment par le biais des nouvelles technologies utilisées, notamment des projections vidéo, pour une captation d’émotions en direct. Le spectacle a déjà été présenté à deux reprises sous une forme condensée au Mudam les 11 et 12 décembre derniers. Le 18 décembre, en fin d’après-midi, les spectateurs se déplacent pour l’ultime représentation à l’atelier Paradiso, au cœur de Bettembourg.

L’atelier Paradiso est une asbl qui s’est installée dans est un espace plus qu’étonnant. Il s’agit d’une ancienne fabrique de bonbons reconvertie dans le développement de créations artistiques. L’association a été fondée en 2015 par Judith Lecuit, musicienne, et Mathieu Lebrun, artiste visuel, c’est d’ailleurs ce dernier qui est à la caisse. Un peu avant 17 heures on prend place, pas mal de monde pour un si petit endroit. Aux allures de loft branché, style vieilles pierres et parquet, l’atelier est accueillant. Juste devant la scène, un tapis recouvert de coussins sur lesquels s’installent les quelques enfants présents, bruyants mais on ne va pas se plaindre. Dans un coin sombre, un grand fauteuil sur lequel est installée Sascha Ley, jambes croisées, elle attend patiemment et en silence le coup d’envoi. Vêtue de blanc, des bottes à la perruque, costume conçu par Ulli Kremer, c’est bien elle la Reine des neiges que laissait présager le titre.

Toute l’introduction est auditive. On entend des sons pré-enregistrés, du brouhaha enfantin, un réveil qui sonne, des aboiements répétés. Tandis qu’une voix féminine répète frénétiquement un champ lexical complet de mots en plusieurs langues ayant un rapport avec le froid, Sascha Ley seule en scène passe d’un fauteuil à un autre. La voix d’une fillette maintenant récite l’histoire, celle du fameux conte danois originel, aucun signe ici de l’adaptation par Disney, qu’on se rassure. Le changement de registre est total, l’atmosphère est pour ainsi dire assez inquiétante. Des images en fond apparaissent, ambiance polaire. Images qui se superposent avec une captation en temps réel de Sascha Ley qui, une demi-heure durant, enchaîne les instruments inhabituels. Un jeu de cloches classiques colorées, des cloches tubulaires, une guitare électrique à l’archet, autant de bizarreries ludiques qui attirent l’attention.

L’artiste, seule en scène chante, évidemment. Musique onirique et organique, mélange de chant classique et tribal. Sascha Ley développe ainsi son univers musical dont elle a le secret. Un échantillonneur et un micro, couple parfait pour enregistrer des bribes rythmiques sur lesquelles elle repasse à l’aide de sa voix singulière et quelques instruments de passage. On assiste en somme à de la création musicale à l’état pur, en direct, et même les enfants si bruyants en arrivant se retrouvent comme hypnotisés et silencieux à l’arrivée. La musique colorée réchauffe l’ambiance polaire concoctée par Mathieu Lebrun. Le mariage artistique est évident, l’ambiance est intimiste et après les applaudissements, les spectateurs restent pour saluer l’artiste, ils partagent un verre, la saison est bouclée.

Plus d’informations : www.saschaley.net et www.atelier-paradiso.lu
Kévin Kroczek
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