Musique Classique

Avanti la musica

d'Lëtzebuerger Land vom 25.08.2023

On the road again ! Reprise imminente des bonnes habitudes, à la Philharmonie, avec le retour d’une saison musicale qui met à l’honneur autant la tradition que l’innovation, les répertoires anciens que les modernes, les valeurs sûres que les étoiles montantes, les ensembles autochtones que les formations venues d’ailleurs.

Côté tradition, on notera que l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg, doyen des orchestres luxembourgeois en activité, soufflera fièrement, cette saison, ses 90 bougies, tandis que, l’an prochain, les Solistes Européens, Luxembourg, l’autre phalange phare de la vie musicale grand-ducale, fêteront leurs 25e anniversaire. OPL (sous Gimeno, son chef attitré, mais aussi sous Equilbey, Hager, Karabits, Popelka, Saraste, Sokhiev, Ward) et SEL (drivés par Christoph König) se montreront, comme à l’accoutumée, généreux et audacieux, en conjuguant, à la faveur de programmes de derrière les fagots, voies royales et chemins de traverse.

Côté innovation, on signalera que le festival de musique contemporaine Rainy Days, dont le « bras armé » est l’ensemble United Instruments of Lucilin (lequel présente sa propre série de concerts), se dote d’une nouvelle directrice en la personne de la compositrice Catherine Kontz. De l’innovation à la création, il n’y a qu’un pas qu’illustre, par exemple, la création du Concerto pour violon de notre compatriote Georges Lentz. Parmi les compositeurs, une place de choix sera faite – centième anniversaire oblige –
à György Ligeti, reconnu, à la fois, comme un classique de la modernité et l’un des créateurs les plus populaires du siècle dernier.

Aucune époque du répertoire – baroque, classique, romantique, moderne – aucun de ses pans – symphonique, chambriste, soliste, lyrique, folklorique, jazz – n’est laissé de côté. Sans oublier quelques découvertes ou telles surprises, là où on les attend le moins. Quant aux enfants, ils sont particulièrement gâtés, cette année, par le département Éducation, lequel leur a concocté une palette on ne peut plus fournie et variée de programmes, déclinés selon des tranches d’âge précises.

Force est de constater que, dans le panorama général de la saison nouvelle, le piano se taillera la part du lion, avec une douzaine d’interprètes de haut vol. À commencer par la pianiste d’exception qu’est Hélène Grimaud, laquelle se produira au total quatre fois à la Philharmonie, en tant qu’« artiste en résidence ». Mais attention à ne pas résumer la nouvelle saison au choc annoncé et forcément très attendu des retrouvailles avec celle qui se décrit volontiers comme une « femme de la Renaissance ».

Grand auditorium et salle de musique de chambre seront, en effet, les écrins de nombreuses prestations, où les grand(e)s sages de « l’orchestre à 88 touches » (Aimard, Buchbinder, Kissin, Mustonen, Pires, Pletnev, Sokolov, Uchida) auront l’occasion de croiser leurs cadets (Dovgan, Lahiry, Lisiecki, Malofeev, Melnikov, Moog, Rana, Trifonov, Wollny, Zhan) et tel ou tel nouveau visage. Répondront présent également les intrépides virtuoses de chez nous, Laurence Koch, Cathy Krier et Jean Muller. À noter aussi, côté organistes, un récital de « notre » Maurice Clement ainsi que la venue du jeune prodige Sebastian Hendl, qui se fendra d’un récital « pop-baroque ».

Le violon, quant à lui, est représenté par les noms prestigieux de Capuçon, Faust, Jansen, Kavakos, Mutter, Steinbacher et Zimmermann ; le violoncelle, par ceux de Sol Gabetta et Jean-Guihen Queyras ; les ensembles chambristes à cordes, par les Quatuors Brentano, Diotima, Ébène, Haas et Kreisler, ainsi que par les Trios Louvigny et Schengen.

S’agissant des orchestres et de leurs chef(fe)s, la programmation n’a absolument rien à envier à celle des hauts-lieux internationaux : Petrenko et le Berlin, Harding et le Vienne, Muti et le Chicago, Nézet-Séguin et le Philadelphia, Rattle et le London Symphony Orchestra, Nelsons et le Gewandhaus, Christie et Les Arts Florissants, Herreweghe et le Collegium Vocale Gent, Chailly et la Filarmonica della Scala, Gardiner et les English Baroque Soloists, et j’en passe… Une mention spéciale revient à la venue de l’inclassable et inénarrable Max Raabe avec son merveilleux Palast Orchester, comme, dans d’autres registres, celle de deux légendes vivantes : l’une de la guitare (Gilberto Gil), l’autre de la trompette (Wynton Marsalis).

Enfin, cet aperçu panoramique de la saison à venir serait incomplet sans qu’il soit fait état du domaine lyrique, plus richement illustré que jamais, avec les apparitions des mezzos Joyce DiDonato dans Didon et Énée de Purcell, Magdalena Kozena dans un récital Debussy-Messiaen, et – last but not least – accompagnée par l’orchestre Les Musiciens du Prince, attaché à l’Opéra de Monte-Carlo, la diva assoluta, Cecilia Bartoli, dans Jules César en Égypte (version concert) de Händel. Tandis que le Grand Théâtre prêtera sa scène à deux coproductions opératiques internationales d’envergure : La Clémence de Titus de Mozart et Falstaff de Verdi.

José Voss
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