La communication officielle du gouvernement se veut délibérément démagogique

Mélange des genres

d'Lëtzebuerger Land du 21.06.2000

Que des ressortissants étrangers en situation irrégulière soient expulsés du territoire national est monnaie courante. Si cette façon de procéder peut être discutable du point de vue moral, la législation, les règles du jeu de notre société, le prévoient ainsi. Jusque-là il n'y a donc rien d'anormal quant à l'expulsion d'un ressortissant tunisien, âgé de 23 ans, récidiviste et déjà expulsé par l'Italie pour y avoir commis « divers délits ». Si ce n'est qu'un communiqué du Service Information et Presse du gouvernement relate ce cas précis alors que normalement, ces expulsions ne bénéficient que rarement de publicité, sauf s'il s'agit de démontrer la volonté d'une politique ferme en la matière . Mais lorsque le gouvernement souligne dans le même communiqué que le ressortissant tunisien n'est autre que le neveu de Neji Bejaoui, le preneur d'otages de Wasserbillig, il procède à un dangereux mélange des genres. L'identité du ressortissant tunisien n'apporte rien à l'affaire, pire, en l'identifiant par rapport à son parent preneur d'otages, le gouvernement le met en relation directe avec des faits qui lui sont étrangers. Les Allemands appellent cette façon de procéder « Sippenhaft ». Les règles du jeu propre à notre société garantissent aussi les droits individuels de la personnalité, comme l'ont d'ailleurs rappelé les Déi Gréng, seul parti politique à réagir. Le gouvernement ne semble en avoir cure. À la fin du compte, il ne s'agit que des droits d'un Maghrébin en situation illégale, neveu d'un des « pires criminels » que le Luxembourg ait connu...

marc gerges
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