On en mangerait

Des cookies à toutou

d'Lëtzebuerger Land du 23.12.2022

Que ne ferait-on pas pour nos toutous préférés ? Protéger leur petit ventre douillet d’un manteau matelassé contre le froid. Affubler leurs petites oreilles de flots colorés. Ou encore orner leur cou d’un collier fluo et luminescent, comme on les aperçoit de plus en plus à l’approche des fêtes de Noël. Fleurissent également ces dernières années des hôtels afin d’accueillir et de restaurer tout animal de compagnie lorsque leurs maîtres partent en vacances.

Sans doute plus important pour leur qualité de vie et leur longévité, on peut leur offrir au quotidien de meilleurs mets. Pas facile cependant de trouver quelque chose de bon à leur mettre sous les crocs. Il suffit de jeter un coup d’œil à n’importe quel sac de croquettes pour comprendre que règne là aussi la malbouffe industrielle. Une liste d’ingrédients indigestes dans laquelle on trouve de la taurine, de la graisse animale ou encore de l’huile de poisson ! À l’instar des bébés ou des personnes âgées, les toutous sont bel et bien à ranger parmi les êtres vulnérables de ce monde. Comme les bébés et les séniors, ils sont dépourvus de mots pour dénoncer les mauvais traitements que la société leur réserve bien souvent. En somme : mémés, gamins, personnes en situation de handicap, toutous, unissez-vous !

De ce manque d’attention alimentaire – un aspect que même les associations de défense animale ne ciblent pratiquement jamais – a émergé l’année dernière une initiative bienveillante. Celle que Marjorie Huber a impulsée, lasse de voir la pauvre gueule que tirait après chaque repas son compagnon à quatre pattes, un staffie (bull terrier) de sept ans nommé Coffi. C’est lui le symbole de cette entreprise, coiffé de la traditionnelle toque des cuistots. Forte de son expérience en pâtisserie, la jeune femme s’est lancée dans la cuisine de gourmandises de haute qualité et tient boutique à Dudelange sous le nom de CoffiCook, en hommage à son chien adoré bien sûr. Avant de mettre la main à la (pa)pâte, Marjorie Huber a soigneusement listé les allergènes des chiens, et des chiens seulement, puisque chaque espèce a ses aliments défendus. C’est avec des éléments du coin – sans beurre et à partir de farine bio, de fromage, de saumon ou de viande acquise le plus souvent dans les contrées environnantes ou auprès de la Provençale – que sont concoctées ses recettes « made in Luxembourg ». La caroube est un aliment de choix pour favoriser le transit intestinal de nos bestioles. À la carte, on trouve des compositions originales dont seul CoffiCook a le secret : des biscuits sans gluten à la cervelle de veau ou au foie de volaille, mais aussi, plus raffinés, élaborés à base de feuilles de nori et de spiruline. D’autres, véganes et bio, sont concoctées à base de curcuma, de carottes, betteraves ou de noix de coco. Outre les friandises au bacon, au chèvre frais ou au beurre de cacahuète, il y a les « Big ». Soit des spécialités très locales : le « Moïen » à l’emmental, le burger « I love Luxembourg » à la cannelle ou encore le « Luxembourg » au bœuf luxembourgeois et romarin. Il faut compter quatre euros à peu près pour cent grammes de gourmandises. Nul besoin de recourir à un chef pour labelliser ses alchimies. L’expert goûteur de Marjorie Huber, c’est tout naturellement Coffi, qui s’en lèche les babines. Même si, procédure réglementaire oblige, il a fallu en passer par l’Asta, le service de contrôle des aliments pour animaux qui s’assure de la conformité sanitaire de tout produit avant commercialisation.

Depuis le lancement de son entreprise, les clients s’accumulent, plus encore à l’approche de Noël. Marjorie multiplie les occasions de faire connaître son activité au plus grand nombre, depuis son site internet jusqu’au marché du Glacis. Aussi contribue-t-elle à la réussite de nombreux anniversaires et de bien d’autres festivités animales. Pourquoi alors en rester au goûter quand on sait que tout cela remet sur pattes n’importe quel chien congestionné ? Marjorie Huber y songe et voit grand. Souhaitant diversifier ses activités, elle s’apprête à proposer prochainement une gamme traiteur. Là encore, les recettes sont en cours d’élaboration. Pour le plus grand bonheur de Coffi et de ses congénères canins.

Loïc Millot
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