Violence domestique

Les chiffres

d'Lëtzebuerger Land vom 03.04.2008

L’année dernière, la police a dû intervenir 436 fois à cause de scènes de ménage qui ont dégénéré – 36,3 fois par mois en moyenne. Les centres d’intervention d’Esch-sur-Alzette et Luxembourg ont été le plus sollicités avec 39 pour cent, respectivement 27 pour cent de tous les appels pour violence domestique. 

Les parquets de Luxembourg et Diekirch ont signé l’expulsion dans 214 cas – 17,8 par mois en moyenne. Le service d’assistance aux victimes de la violence domestique (SAVVD) en a registré 211, dont 23 hommes (dix ont été agressés par des hommes). Deux femmes auteures de violence ont été elles-mêmes des victimes en 2006. L’année dernière, cinq des 188 victimes féminines étaient enceintes au moment des faits. Depuis 2003, le nombre d’expulsions est en constante évolution : 145 en 2004, 154 en 2005, 185 en 2006 et 211 pour l’année dernière. Cela ne signfie pas forcément que les querelles de famille ont augmenté, mais que les signalements ont été plus fréquents. C’est peut-être le signe d’une prise de conscience collective – la violence domestique est un phénomène qui concerne la société.

Toujours selon les données du SAVVD – elles lui ont été communiquées par les victimes – la tranche d’âge entre 31 ans et quarante ans est la plus représentée, du côté des victimes aussi bien que du côté des agresseurs. La majorité des victimes font partie de la classe des ouvriers et des employés, la majeure partie des agresseurs ont été des ouvriers ou sans emploi. 

297 enfants ont été directement touchés par ces crises ayant mené à l’expulsion des auteurs de violence. Officiellement, ceux-ci ne sont pas recensés en tant que victimes s’ils ont juste été les témoins de la scène et qu’ils n’ont pas appartenu aux deux pour cent qui ont été la cible directe des attaques. Le SAVVD considère par contre qu’il s’agit de victimes au même titre que les adultes qui doivent être protégés. 56 pour cent des familles concernées ont un ou deux enfants à charge. Lorsqu’il s’agissait de violence envers une tierce personne comme les parents de la victime, des policiers ou le partenaire, les enfants étaient touchés dans 57 pour cent des cas. Le parquet a ordonné 33 enquêtes dans le contexte de la protection des mineurs. 

La violence sous ses différents aspects : dans 92 pour cent des cas, il y avait eu violence psychique, dans 96 pour cent violence physique et dans six pour cent des cas de la violence sexuelle – menace de mort, menace de suicide, détention d’armes, menaces avec armes, blessures avec armes, séquestration et même des cas de violence pendant les dix jours d’éloignement (six pour cent), une victime a même été hospitalisée pendant la période d’expulsion. Les armes utilisées ont été de nature très diverse : couteau, fouet, chaussure, ciseaux, hache, tabouret, câble, chaise, statue, épée, ceinture, vase, pistolet, tapis, haltère, télécommande.

La violence économique n’est pas encore prise en compte dans les recensements officiels. Elle l’est par contre par les maisons de femmes qui hébergent les victimes en urgence. Il s’agit surtout de mères au foyer qui dépendent du revenu de leur conjoint.La moitié des victimes a obtenu un certificat médical, trois ont été hospitalisées et 28 ont été mises en incapacité de travail. Six victimes ont quand même choisi refuge dans un foyer pendant la période d’expulsion parce qu’elles ne se sentaient plus en sécurité chez elles. En 2007, plus de la moitié des 891 victimes hébergées étaient des enfants. 

En ce qui concerne les récidivistes : en 2007, 27 agresseurs ont été expulsés pour la deuxième fois depuis l’entrée en vigueur de la loi fin 2003, six ont été éloignés trois fois depuis lors et un agresseur a même été délogé quatre fois par la police. Après les dix jours d’éloignement, 74 prolongations de trois mois ont été accordées – dix demandes ont été retirées par les victimes, deux ont été refusées par le tribunal. 

anne heniqui
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