Nordstad

Apostasie ?

d'Lëtzebuerger Land vom 29.05.2008

Le « oui » des six communes de la Nordstad en faveur du masterplan la semaine dernière a laissé croire que leur entente était au beau fixe et que le navire va pouvoir reprendre son cap après la tempête. Celle-ci avait été causée par des protestations vigoureuses contre le démontage annoncé de la ligne ferroviaire entre Ettelbruck et Diekirch. Cependant, la commune de Bettendorf joue maintenant aux trouble-fêtes en mettant l’éventualité de pourparlers avec les édiles voisins de Reisdorf en vue d’une fusion des deux communes à l’ordre du jour. 

En principe, la Nordstad ne prévoit pas d’extension à ce stade – une participation de Reisdorf est donc improbable, même après une éventuelle union. Les communes de Fehlen et de Bourscheid par exemple sont déjà sur la liste d’attente, mais les responsables politiques de la Nordstad ont choisi de développer le projet d’abord dans les communes de Colmar-Berg, Schie­ren, Ettelbruck, Erpeldange, Die­kirch et Bettendorf. Les deux points contradictoires ont donc figuré au même ordre du jour, avec le résultat surprenant qu’ils ont été adoptés tous les deux. Mais c’est soit Reisdorf, soit Nordstad.

En jouant les girouettes, la crédibilité de l’engagement de la commune face à la Nordstad risque d’en pâtir, alors qu’elle doit accueillir le nouveau lycée technique agricole sur son territoire, un des projets-phares de la région. Le dilemme de Bettendorf est clair : une fusion avec la commune voisine permettrait de régler des problèmes à court terme et à moyen terme. Un des exemples avancés par le bourgmestre Albert Back est celui de la qualité médiocre de l’eau. Une solution rapide serait possible en cas de regroupement des deux communes. Mais de l’autre côté, il maintient son engagement ferme par rapport au projet Nordstad : « Tant que je serai le bourgmestre de Bettendorf, il n’y aura pas de divorce ! Le projet Nordstad reste ma priorité par rapport à une éventuelle fusion. »

Pourquoi avoir porté ce point à l’ordre du jour du conseil communal alors ? « Il s’agissait de montrer patte blanche, explique-t-il, les gens en parlaient en sourdine depuis des mois et nous avons choisi de faire trancher cette question au conseil communal pour éviter le reproche d’avoir préféré ignorer le problème. » 

Les édiles ont donc voté pour les deux projets, exprimant le souci de n’exclure aucune option. La fusion pour le moyen terme, la Nordstad pour le long terme. « Il se peut que je ne vivrai plus le succès de la Nord­stad, estime le bourgmestre, mais les avantages de ce projet sont énormes pour une petite commune comme la nôtre. Prenons le problème de la mobilité par exemple. Le ministre des Transports Lucien Lux vient de nous confirmer le projet de liaison ferroviaire entre Diekirch et Luxem­bourg avec un train toutes les heures. Cela n’a été possible que grâce au regroupement des six communes de la Nordstad. »

De ce côté-là, l’agacement est palpable. Et la réunion du comité politique lundi prochain s’annonce mouvementée. Car Bettendorf est tenue d’annoncer la couleur très rapidement. La barre tend nettement vers une décision en faveur de la Nord­stad, car la position du bourgmestre est soutenue par le ministre Jean-Marie Halsdorf (CSV). Contacté par le Land, celui-ci a confirmé le rôle important de cette commune rurale pour la Nordstad, dont le réservoir d’espace habitable est important pour tout le projet. « Mes services sont aussi en train d’analyser la réaffectation du château, pour­suit-il, il est envisagé d’en faire une auberge de jeunesse. Et d’ailleurs, la cartographie territoriale sur la réorganisation des communes – concernant les fusions et les collaborations renforcées – ne prévoit pas le regroupement des communes de Bettendorf et Reisdorf. Cela ne fait pas de sens du point de vue de l’Amé­nagement du territoire ».

Ensuite, il y a les autres projets phares tels que le réaménagement de la gare d’Ettelbruck, le projet de lotissement de 9,5 hectares sur le territoire de Erpeldange et la réaffectation du complexe Laduno en un pôle d’attraction touristique et de loisirs, dont la position centrale permet de lancer un projet ambitieux et prestigieux. 

Les idées ne manquent pas – pour leur réalisation, la Nordstad doit maintenant se donner les moyens de mettre le masterplan en musique par la création d’une société de développement ou d’un fonds spécial permettant de faire collaborer les pouvoirs publics et les investisseurs privés. Sans perdre de temps.

anne heniqui
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