Jeunes délinquants en prison

Faux réflexes

d'Lëtzebuerger Land du 10.11.2000

Sûr, placer de jeunes délinquants dans une « unité de sécurité » dans un Centre socio-éducatif à cause de leur caractère « agressif » et « dangereux » n'est pas une solution idéale. Mais comparé au fait que ces jeunes sont actuellement incarcérés à la prison de Schrassig, il s'agit du moindre mal. Ce d'autant plus que le Luxembourg se fait régulièrement épingler, entre autres par le Conseil de l'Europe, parce qu'il place systématiquement des mineurs dans son Centre pénitentiaire. Le projet de l'unité de sécurité au Centre socio-éducatif de Dreiborn, qui dépend du ministère de la Famille, remonte aux temps où Marc Fischbach était encore ministre de la Justice. Après des années de tergiversations et d'inaction, le ministère de la Famille a annoncé le début des travaux pour janvier prochain.

Dans un réflexe populiste et sécuritaire, la commune de Wormeldange a maintenant décidé de mobiliser contre ce projet. Les raisons invoquées sont la proximité d'une école primaire (récemment construite par les communes de Wormeldange et de Flaxweiler), la baisse du niveau de sécurité dans la commune et finalement « la bonne image de la commune » qui apparemment risque d'être ternie par l'arrivée massive de jeunes hors-la-loi aptes à faire régner un climat de terreur dans la paisible commune viticole. Le bourgmestre Ern Demuth, qui se dit soutenu dans son action par son collège échevinal et la population locale, brandit même la « menace » - Folkendange fait des émules - d'organiser un référendum, voulant lier de la sorte les décideurs politiques et administratifs à la volonté de quelques citoyens se désolidarisant de la société. Le réflexe protectionniste, le refus d'accueillir des installations apparemment nuisibles - qu'il s'agisse d'une déponie, d'un centre socio-éducatif ou d'un foyer pour réfugiés... - dans son voisinage immédiat devient monnaie courante. Si l'on appliquait la même logique s'agissant d'infrastructures « bénignes », il n'y aurait pas d'électricité.

marc gerges
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