Zidrou et Jordi Lafebre sont de retour avec un sixième tome de leur série Les Beaux étés. Un nouvel opus qui plonge la famille Faldérault dans l’été de l’année 1970 aux sons de In the Summertime de Mango Jerry

Les étés en musique

d'Lëtzebuerger Land du 09.07.2021

Voilà six ans que les bédéphiles ont fait la connaissance de la famille Faldérault, imaginée par Zidrou et dessinée par Jordi Lafebre, dans la série Les Beaux étés. Six ans et la publication de Cap au Sud ! Un premier opus qui plongeait dans l’année 1973. Le lecteur découvrait alors Pierre et Mado. Elle est vendeuse de chaussures, il est dessinateur de BD et constamment en retard pour la livraison de ses planches, ce qui oblige toute sa famille à attendre pendant de longues journées le très attendu départ en vacances. Des vacances que ce couple de Belges et leurs enfants : Julie-Jolie, Nicole, Louis et Paulette aiment sans stress ni programme, à l’aventure, mais toujours « cap au sud ». « Du soleil, on veut du soleil », sert de cri de ralliement à cette tribu on ne peut plus attachante qui sort des sentiers battus.

Dans le premier tome, ils se retrouvent à faire du camping sauvage sur les gorges de l’Ardèche en 73, quand La Maladie d’amour était numéro Un sur toutes les radios francophones. Dans le deuxième tome, direction les Calanques de Marseille en 1969, l’année d’Ob-la-di Ob-la-da, puis ce sera Saint-Étienne – bien obligés par la mère de Mado – en 1962, quand on dansait sur Let’s twist again, la Dordogne en 1980 au rythme de Banana split et la Côte d’Azur à l’occasion des vacances – de Noël cette fois –, 1979 pendant que Pink Floyd cartonnait avec The Wall. De beaux voyages pleins de musique donc, mais surtout de traditions familiales – les jeux de mots de papa, de maman qui refuse n’importe quelle tâche ménagère pendant les vacances, de Julie qui se cache pour faire pipi… –, d’imprévus, de découvertes, de rencontres… sans oublier quelques coups dur et des engueulades.

Pour ce sixième voyage en compagnie des Faldérault, Zidrou et Jordi Lafebre ont placé la machine à remonter le temps en l’an 1970. Les enfants ne veulent toujours par aller à Oslo, Berlin, Stockholm, Mouscou ou Reykjavik. Sous la drache de Mons, Julie-Jolie, Nicole et Louis rêvent, comme toujours, de soleil. Du coup, c’est reparti, cap au sud. Enfin, ça devrait… Les enfants sont certes installée dans Mam’zelle Estérel, leur fidèle et inépuisable 4L, mais leur père est toujours sur sa planche à dessin pour finir l’album qui, il est certains, devrait enfin lui ouvrir les portes de la célébrité. « Voilà plus d’une semaine que les bagages, toi et moi, on poirote ici ! » se dit Mado dans l’entrée de leur maison. Et elle ajoute : « Désolée, mon bébé, mais tu vas être orphelin de père avant même d’être né ! » Son ventre est en effet on ne peut plus rond, sur le point d’exploser. Pas le genre de détail qui les empêchera de partir à l’aventure. Direction : Marseille. Mais comme souvent avec eux, le destination n’est qu’un prétexte pour un beau voyage.

Cette fois-ci, c’est un camion trop chargé et perdant ses marchandises au niveau de la Bourgogne qui en décidera autrement. Le pare-brise de Mam’zelle Estérel cassé, impossible de continuer. En attendant que le garagiste du coin en reçoive un de rechange, ils sont hébergés aux Genêts, petite ferme écologique tenue par Esther et Estelle qui leur prêtent un bout de terrain en bas de la pâture, à l’ombre des aulnes, pour planter leur tente. L’occasion pour les petits de s’occuper des biquettes, de découvrir le goût du lait fraîchement trait, de voir à quoi ressemble une dinde avant de se retrouver « toute nue pour la noël », mais aussi d’aider les deux propriétaires de lieux à tenir leur stand sur le marché des producteurs locaux. Pour le petit Louis ce sera aussi l’âge des questions sur la sexualité et pour tous l’été de la découverte d’amours différents. Car malgré ce que tout le village croit, Esther et Estelle ne sont pas vraiment sœurs.

Avec Les Beaux étés les deux auteurs jouent avec la nostalgie des lecteurs, de ces années-là, sans pour autant tomber dans le « c’était mieux avant ». Leurs récits sont plein d’humanisme, d’humanité, de tendresse, d’humour. Le tout sans rien omettre des petits et grands problèmes – mais aussi les plaisirs – du quotidien. Une série « feel good » qu’on aime lire et relire sans modération, que ce soit en tant que one-shots – puisque chaque album propose une histoire complète - ou que série, dans l’ordre ou dans le désordre.

Pablo Chimienti
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