Ticker du 14 avril 2023

d'Lëtzebuerger Land du 14.04.2023

Vaches grasses

Le Luxembourg Dairy Board (LDB), qui réunit une partie des paysans laitiers, vient de présenter la dernière actualisation des coûts de production dans le secteur. Il en ressort que 2022 était une sacrée année de vaches grasses. Selon les calculs du Büro für Agrarsoziologie und Landwirtschaft, les prix se sont envolés beaucoup plus vite que les coûts. Entre 2021 et 2022, les « Micherzeugungskosten » sont passés de 44,4 à 48,6 centimes par kilo de lait, tandis le « Milchauszahlungspreis » a bondi de 35,9 à… 50,2 centimes ! Dans le détail, on découvre que le « zugekauftes Futter » est de loin le poste de coût le plus élevé avec 15,1 centimes, ce qui rappelle que le secteur reste loin de l’autarcie. Le LDB craint désormais une chute du prix pour 2023. « Die Gründe dafür sind ein Nachfragerückgang und höhere Milchanlieferungen », écrit-il. Depuis l’abolition des quotas, les paysans luxembourgeois ont massivement augmenté la production laitière. Celle-ci est passée de 284 000 à 447 000 tonnes entre 2009 et 2020. En termes de croissance, le Luxembourg est le champion d’Europe, devançant même les Irlandais. Avec tous les rejets d’ammoniac et de méthane (dans l’atmosphère) ainsi que d’azote et de phosphore (dans les eaux) que cette course en avant engendre au quotidien. bt

Bankenarchitektur

Die Geschichte der Banque Générale de Luxembourg in Zusammenhang mit ihrem architektonischen Wandel ist Gegenstand in der neuesten Hémecht-Ausgabe. In einem minutiös recherchierten Beitrag der Historiker Victoria Mouton und Marco Gabellini, sowie der Politikwissenschaftlerin Cécile Duval, liest man, dass die Niederlassung der Tochergesellschaft der Société Générale de Belgique vor allem auf das Wirken des Luxemburger Anwalts Alphonse Weicker zurückgeht. 1919 war es so weit, die BGL wurde auf Initiative der SGB gegründet und verfügte damals über ein Grundkapital von 7,5 Millionen belgischen Franken. Der Firmensitz befand sich bis 1935 in Arlon, weil die BGL bis dahin ein Unternehmen belgischen Rechts war. Dennoch bezog die Bank 1919 in der Lantergässelchen zugleich einen administrativen Sitz in Luxemburg-Stadt. Ein Gebäude, das Franz Ginsbach, erster BGL-Direktor, als „sehr alt“ und „baufällig“ beschrieb. Zu Beginn des 20. Jahrhunderts war es üblich, dass Bankdirektoren ihren Wohnsitz in ihre Bank verlegten, das war aber in den beengten Verhältnissen der Lantergässelchen nicht möglich. Einen bleibenden Eindruck bei Kunden hinterließ der erste Sitz der BGL ebenfalls nicht. 

Die Eigentümer kauften deshalb 1920 ein neues Grundstück auf dem Aldringer und veranlassten zunächst nur den Bau eines Stockwerks in neo-klassischem Stil; wegen der Zunahme an wirtschaftlichen Aktivitäten wird schon im Folgejahr in die Höhe erweitert. Der einflussreiche Journalist, Batty Weber, ließ den Wandel der Stadt damals nicht kalt; in einer seiner Kolumnen kommentierte er den Bau folgendermaßen: „Der Platz an der Schule und an der Post könnte einer der schönsten der Stadt werden.“ 1924 kaufte die BGL die Bank-Vanderlinden auf und übernahm ihr Gebäude am Boulevard Royal. 

Bis in die 1960-er-Jahre wählt die BGL einen klassizistischen Baustil, der Stabilität und Macht vermittelte. Doch schon bald herrscht wieder Platzmangel; von 78 Angestellten im Jahr 1945 quellt deren Anzahl auf 408 im Jahr 1965 hoch. Die BGL nimmt einen radikalen Eingriff vor und lässt das ehemalige klassizistische Bauwerk gänzlich verschwinden: Auf sieben Stockwerke ausgedehnt, entsteht ein „voluminöses Gebäude aus Stahlbeton, poliertem Granit, Aluminium und Glas“, wie die Historiker/innen schreiben. Damals dominierten funktionalistische Vorstellungen, wie sie Architekten wie Le Corbusier vertraten, insofern war das Gebäude „dépourvu de toute ornementation“. Praktisch war ihr Innenraum umso mehr: Durch verstellbare Innenwände konnte man rasch Büros unterschiedlicher Größen herzaubern. 

Kurios wirkt der ehemalige Kundenbereich in Zeiten digitaler Konten: Standaschenbecher und komfortable Sessel, die in der Empfangshalle standen, „spiegeln den Wunsch der Bank wider, die Kunden zum Verweilen einzuladen“, schreiben die Autor/innen. Und weiter: „All diese Elemente erinnern an einen Bruch mit dem Bankensystem der Vorkriegszeit. In dieser neuen, offeneren und freundlicheren Umgebung wurde eine neue Beziehung zu den Kunden aufgebaut, die Interaktion und Austausch förderte“. Nach außen öffnete sich die Bank zudem erstmals mit dem Slogan: „La banque au service de tous“. Andere Banken wie die BIL verschreiben sich ebenfalls dem funktionalistischen Baustil, während die russische East-West United Bank (in der ehemaligen Villa Foch situiert) und die Sparkasse sich dem Hype verweigerten. Aber auch der neue Firmensitz ist rasch überlastet – über tausend Angestellte arbeiten ab 1980 für die BGL. Erneut wird ein Umzug geplant, diesmal auf Kirchberg. Diese Phase wird in dem Artikel nur angerissen, dabei übertraf sich die Bank mit ihrem Neubau erneut durch exzentrische Elemente. 1995 zog die BGL in ein 153 Meter langes Gebäude an der Avenue Kennedy. Ein Barock inspirierter Garten mit überdachten Alleen umgibt den Neubau in Form des Buchstaben X. 2016 legt die BGL, die 2009 mit BNP-Paribas fusionierte, nochmals nach: Man wächst auf Kirchberg um 16 Stockwerke und bespielt 95 000 Quadratmeter. sm

Des notables, des cousins et des vignes

L’ancien diplomate Hubert Wurth vient de publier Muselblo – Bleu Moselle, un véritable pavé de 451 pages. Il propose d’y raconter l’histoire d’une maison de vignerons à Ehnen via la chronologie de ses occupants successifs, parmi lesquels ses aïeuls. (Depuis 1979, le bâtiment abritait le « Centre mosellan » ; il est actuellement réhabilité et agrandi pour accueillir le futur « Wäinhaus » et musée du vin.) Or, dès l’introduction, l’auteur met en garde le lecteur en comparant son livre à « une espèce de ‘Kuddelmuddel’, fourre-tout pas forcément digeste ». Wurth a du mal à caractériser son texte qu’il décrit, plus loin, comme une « improvisation » dont « les souvenirs personnels et les conversations anciennes » fourniraient la base. Hubert Wurth ne se sent exactement pas une âme de chercheur : « Lire pendant des années, mais attendre pour faire, très peu pour moi en effet ». Le livre est donc rédigé sur le ton d’une causerie. Si la liberté du style n’est pas déplaisante en soi, le manque de focus s’avère lassant à la longue. Un minimum de rigueur éditoriale aurait peut-être permis de recentrer et d’agréger un texte trop disparate et trop long. (Mais il s’agit-là d’une déficience chronique du monde de l’édition luxembourgeoise.)

Les excursions historiques sont par moments impressionnistes, comme l’assertion que le Luxembourg aurait « un bon millénaire sur le dos ». Dans d’autres passages, Wurth se met à gloser sur « les gènes venus d’ailleurs » : Les « traits asiatiques » de telle grand-mère seraient-ils l’héritage des Huns ? Et qu’en est-il du « profil romain » de telle tante ? L’ancien diplomate ne déballe pas pour autant sa vie personnelle. Son mariage avec Lydie Polfer, maire de la capitale depuis 1982, est évoqué avec pudeur : « Personnalités concordantes entre Lydie et Hubert ? Complémentaires pendant des années. Finalement elles ne devaient plus s’accorder. Flottement, intensités, profondeur, affection, amitiés. »

L’intérêt du livre réside ailleurs : dans le portrait collectif qu’il dresse de la notabilité des XIXe et XXe siècles. Au fil des pages, on y rencontre notamment les Wellenstein, les Servais, les Brasseur et les Wurth. (En annexe, Wurth a dessiné pas moins de onze pages d’arbres généalogiques.) Le roman familial regorge de notaires, juges, maires, députés et ministres. Un milieu qui dégage une impression de claustrophobie : « Les vieilles familles étaient très liées entre elles, au point de se retrouver à maintes reprises devant l’autel entre cousins germains, et l’assemblée des invités était composée de villageois pour ainsi dire tous cousins entre eux à des degrés divers : ‘Familgen vun Adam an Ei’v’ ».

La partie la plus touchante est sans doute le portrait du père, Ernest Wurth II. Ayant grandi dans un milieu « conservateur et bourgeois » (la famille élargie comptait deux ministres d’État, Joseph Bech et Paul Eyschen), il restera « non-aligné », écrit le fils. Rêvant à une carrière d’artiste-peintre, Ernest se résignera finalement à faire « la grande concession », c’est-à-dire à « se ranger ». En 1946, âgé de 45 ans, il entre finalement dans la magistrature, tout en continuant à peindre (dans un style figuratif et très peu avant-gardiste) pendant ses heures de loisir. Une « forme d’émigration intérieure », estime Hubert Wurth.

L’auteur revient également sur l’histoire des Wurth. Chapeliers dès le XVIIe siècle, ils travaillaient pour la bourgeoisie, en contraste avec les perruquiers, serviteurs fidèles de la noblesse. La famille ne se dota pas d’un blason, note Hubert Wurth, louant « une approche modeste et circonspecte » qui aurait caractérisé les notables luxembourgeois. Certains portraits sont vivaces. Évoquant Catherine Paquet (1806-1876), l’auteur fait ainsi preuve de sensibilité et d’empathie. Il cite un passage d’une biographie (non-publiée) qui aborde les origines (relativement) modestes de cette fille de tanneur mariée à François-Xavier Wurth : « Elle se considérait bien au-dessus de ses autres frères et sœurs. […] Un jour, elle a eu le front de raconter à sa belle-sœur […] un prétendu rêve, d’après lequel elle aurait vu les Wurth en haut de l’échelle, alors que les Paquet se trouvaient au dernier échelon. » Hubert Wurth prend pourtant en défense son aïeule : « En contemplant de près sa photo, je me dis que l’idée de figurer en haut de l’échelle lui paraissait plutôt cauchemardesque, tellement elle paraît timorée et introvertie. »

Diplomate de carrière, Wurth fut ambassadeur à Moscou de janvier 1989 à décembre 1991. Le livre recèle pourtant peu d’indiscrétions sur ses années moscovites ni sur les arcanes du ministère des Affaires Étrangères. Wurth revient ainsi sur la chute du Mur de Berlin : « Eh bien moi, j’ai vécu cet évènement, mais j’y ai assisté à Moscou, assis sur mon canapé » … en regardant CNN. Il relate par contre ses discussions avec les émissaires soviétiques : « Déjà à la fin des années quatre-vingts du siècle dernier, les représentants de Moscou à Luxembourg ont tenté de me convaincre : parlons de notre gaz, prenez notre gaz. » Un chapitre est consacré à la guerre en Ukraine, dans lequel Wurth tente de dresser un psychogramme de Vladimir Poutine : « D’où lui vient cette fébrilité en 2022 ? Lui et moi avons le même âge à quelques mois près. A-t-il peur de la déchéance et de la mort ? Pense-t-il à la fin ? Pourquoi alors la précipiter ? » bt

Bernard Thomas
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