Jean-Pacal Lasserre

Créa-tif

d'Lëtzebuerger Land du 07.04.2011

Il aurait dû suivre la voie tracée par son père, école militaire et travail dans le domaine de l’énergie, mais après avoir suivi les didascalies familiales, Jean-Pascal Lasserre a, à 24 ans, fait table rase pour aller vers sa vraie passion: la coiffure. Pour le jeune homme, cet univers rimait avec création artistique, innovation et monde d’exception. Quand un patron accepte de le prendre sous son aile, il se considère immédiatement comme coiffeur et teste ses idées sur les têtes des amis, cobayes complaisants. « C’était l’époque de coiffures très stylisées, architecturées qui ressemblaient à des sculptures», raconte-t-il en se souvenant que cette mode lui réussissait très bien.

Progressivement, à force d’observer les autres, de poser des questions, de découvrir des techniques, de rechercher inlassablement des solutions et de « ne jamais croire qu’on sait tout », Jean-Pascal Lasserre se forge sa propre identité de coiffeur en mélangeant idées et techniques apprises avec ses initiatives personnelles. Définir un style lui semble difficile : « Être actuel et de bon goût, s’adapter aux clientes pour les mettre en valeur. »

Parce que la mode n’est pas forcément synonyme de bon goût, Jean-Pascal ne cherche pas à la suivre à tout prix. « J’essaye de ne pas faire ce que je n’aime pas. » Une profession de foi suffisamment large pour se laisser toujours une marge d’évolution, de changement et de remise en question : « On n’arrête jamais d’apprendre ».

Après les années de formation à travailler pour d’autres, il tente une escapade dans le monde du cinéma et de la mode. Défilés et shootings se succèdent, mais sans apporter une réelle satisfaction au coiffeur qui se sent trop bridé dans sa propre créativité. Au cinéma, il apprécie le travail de reconstitution historique, mais y voit peu d’opportunité d’évolution et d’épanouissement. C’est ainsi qu’il y a dix ans, il ouvre son propre salon JP Lasserre. Un terme qui prend tout son sens quand on observe la décoration, qu’il a essentiellement faite lui-même. « Je voulais un véritable salon de coiffure, pas un de ces lieux aseptisés qui ressemblent à un laboratoire ». On est ici, comme chez quelqu’un qui reçoit avec du mobilier chiné, et récupéré, beaucoup de bois, de couleurs chaudes pour une ambiance cosy et personnelle.

À l’affût des nouveautés, toujours à suivre les évolutions techniques, le coiffeur regrette qu’il y ait « finalement peu de réelles innovations, mais plutôt du marketing ». Depuis que le lissage brésilien – que Jean-Pascal a été un des premiers à utiliser au Luxembourg – a fait son apparition, pour lisser les cheveux à la kératine naturelle, il n’y a, selon le spécialiste, eu aucune réelle nouveauté. Il espère que les laboratoires vont faire des avancées dans le domaine de la chute des cheveux et pense que c’est au niveau de la coloration biologique que les prochaines nouveautés vont apparaître.

Depuis un an, Jean-Pascal Lasserre a investi l’espace voisin au salon rue Marie-Adélaïde à Luxembourg. Il propose à une esthéticienne de s’y installer à son compte, profitant ainsi d’une belle devanture et d’une clientèle fidèle. Mais surtout, ce nouvel espace lui donne la possibilité d’évoluer dans son métier et de se consacrer aussi à « quelque chose de moins futile ». Depuis peu, il a en effet suivi une formation spécifique pour s’occuper des personnes qui perdent leurs cheveux suite à une chimiothérapie. Il se propose ainsi de rencontrer les personnes, de préférence avant le traitement, pour regarder avec elles quelle perruque pourrait leur convenir qui soit assez proche de leur coiffure et couleur actuelle. Par la suite, il ira à l’hôpital si nécessaire pour apprendre à la personne à vivre avec cette perruque. Il propose aussi d’autres accessoires comme des foulards, des turbans et des chapeaux et essaye de montrer comment se maquiller et se mettre en valeur malgré tout.

Avec cet humanisme et cette générosité qui le caractérise, pas étonnant que le personnel soit aussi fidèle que les clients à celui qui se définit comme « un ouvrier, pas un businessman. »

Jade Fairbanks
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