CD Fingerprints de Daniel Balthasar

Show me the way to myself

d'Lëtzebuerger Land du 12.02.2004

Mercredi 11 février, jour de son 23e anniversaire, Daniel Balthasar a inversé les rôles: ce n'est pas lui qui recevait, mais lui qui faisait un cadeau. Ce jour-là, il a publié une nouvelle chanson sur son site internet, Steps, une très belle ballade sur ses rêves d'enfant, l'amour et le passage à l'âge adulte. La chanson, il l'a entièrement produite lui-même, enregistrée chez lui, pour la publier ensuite sur son site. Cette plus récente de ses productions est touchante de simplicité et de sincérité, baignant dans une tristesse incommensurable, imbue d'une grande mélancolie. Comme tout son disque, Fingerprints, son deuxième album en solo, le premier à plus grande diffusion, qui est sorti en décembre. Un disque extraordinaire. 

Très pudique, Daniel Balthasar ne se donne pas facilement, ne se dévoile que partiellement, par bribes. À l'image de la photo sur la pochette du disque: un torse masculin assis près d'une table, focus sur les mains, les bras, une tasse devant lui, on ne voit pas sa tête. «J'essaie d'éviter tous les clichés, dit-il après réflexion. Comme ma musique est extrêmement personnelle, je n'ai pas besoin de montrer plus... » Daniel Balthasar est un musicien de cette nouvelle génération qui a appris la musique au conservatoire, mais opte malgré tout pour le pop-rock: «Je crois que cela me rendrait fou de devoir jouer la musique des autres durant toute ma vie dans un orchestre.» Avant ses études de musicologie qu'il effectue actuellement à Strasbourg, le conservatoire lui a fourni les outils, les clés pour son expression musicale. Fasciné par les cordes, Daniel Balthasar écrit des chansons où se croisent le vibraphone, la guitare, une batterie et un trio de cordes en équilibre parfait. Surtout portées par la très belle voix de Daniel Balthasar lui-même.

Fan de Joseph Arthur, Daniel Balthasar assume et revendique sa solitude sur ce disque, dont il a tout contrôlé, écrit les textes, écrit et arrangé la musique, chanté, joué de la guitare, enregistrement au studio de Gast Waltzing, accompagnement par les copains musiciens de Blue Room, dont il fait également partie, esthétique de la pochette... Même le financement, assumé à ses frais personnels. Fingerprints est un véritable album solo d'un authentique singer-songwriter. «Dans mes chansons, je parle des choses qui sont dans ma tête, remarque-t-il discrètement, si j'ai de la chance, quelqu'un d'autre s'y reconnaîtra peut-être. À mille lieues de la contestation du punk-rock, à des années lumières de l'engagement social, Daniel Balthasar aime à citer Herbert Grönemeyer qui aurait dit un jour qu'un CD est «comme une fiction hollywoodienne, non pas un documentaire». «Pour moi, faire un disque, c'est comme une libération, une catharsis, je peux tout laisser sortir que j'ai en moi.» 

Fingerprints revendique sa mélancolie: il commence avec le son de craquellement d'un disque vinyle, quelques cordes, puis arrivent les guitares sur Wrong is not so wrong. C'est un disque maîtrisé, avec beaucoup de retenue, plein de poésie. Une quête identitaire, un voyage onirique où on se réjouit avec Daniel Balthasar qu'il ait gagné la guerre contre la gravité (sur Gravity). Ses ballades, pour intimes qu'elles soient, ont quelque chose d'universel. Jouissif!

 

Daniel Balthasar: Fingerprints; enregistré chez Gast Waltzing, sorti en décembre 2003, le CD contient également un film de Véronique Kolber, 11:29pm … 06:41am pour lequel Daniel Balthasar a créé la bande sonore; en vente chez le disquaire pour 17 euros. Internet: www.dbfingerprints.com.

 

 

 

 

josée hansen
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