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L’été sera chaud

d'Lëtzebuerger Land du 08.07.2022

L’été sera chaud ! C’est une certitude, et à tous les niveaux. On ne l’aimait pas finalement notre monde d’avant ? D’avant quoi on ne sait plus vraiment, la seule chose que l’on sait c’est que 2020 aura décidé de nous offrir un lot de réjouissances sans fin. Il faut dire que nous nous ennuyions un peu avant, non ?! L’été est déjà chaud et cela sans même évoquer le mot maudit : C-19 ou même celui de vague, d’ailleurs le surf n’est plus à la mode depuis plus de dix ans, ça tombe bien. Pour résumé, nous sommes entrés dans l’été avec des températures plus proches de nos lieux de villégiature durant la migration estivale que de nos lieux de vie. Les experts du climat enchaînent les interventions pour nous dire que nous sommes tout simplement en train de nous tuer, et même plus à petit feux, intervention nous laissant dans notre moiteur et indifférence ambiante sans nous alarmer plus que ça. Il faut dire que, depuis deux ans, nous semblons nous être résolu à vivre avec l’adage : de toute façon, on va tous mourir. D’ailleurs, les énergies fossiles, on pourra bientôt plus les payer, à moins de faire du troc avec les bijoux de famille gardés précieusement au fond d’un tiroir.

La chaleur est encore montée d’un cran lorsque les supposés sages du pays supposé des libertés ont décidé du sort de la moitié de sa population en obligeant les utérus à procréer, quoi qu’il advienne. Cela ne va-t-il pas à rebours des discours des experts climatiques ? Car plus d’enfants, c’est plus de consommation. Certes, si le bon sens était de mise, on s’en serait rendu compte et ça ne court pas les rues ces derniers temps. Même si cette régression, expression du pouvoir patriarcal et religieux nous semble lointaine, l’abrogation du droit constitutionnel à l’avortement aux États-Unis pourrait donner des idées à d’autres, aux 89 députés RN en France par exemple. Et pour faire monter encore plus la température, on fusille des homosexuels à Oslo pendant la semaine des fiertés. On tire sur la foule aux États-Unis sans aucune raison, sauf celle du pouvoir, le jour même de la célébration de l’Indépendance. Les armes ont bien gardé leur indépendance, elles, contrairement aux femmes…

Pour ajouter un petite touche de piment à la canicule, pour ceux qui pensaient s’envoler pour se détendre et penser à autre chose, les grandes migrations estivales s’accompagnent cette année d’annulation de vols en cascade, faute de personnel, de temps d’attente de deux à quatre heures dans les aéroports pour les plus chanceux, de saturation de l’espace aérien. Cet obstacle peut sembler une bonne nouvelle pour les ours polaires (comprendre : pour le climat), empêchant un certain nombre d’émission de CO2. Mais ceux qui comptent se replier sur le train pour rejoindre les plages françaises, compteront sur nos amis cheminots pour leur faire vivre un enfer avec leurs nombreux mouvements de grève annoncés ou à venir.

Cet été est chaud et le sera encore. Dans ce contexte des plus moroses, et si vous n’aviez pas prévu de transformer vos vacances en véritable épreuve de survie, il existe des solutions ! La première : partir à pieds dans la Creuse, respirer profondément et méditer sur votre existence sur terre. Pour les moins sportifs, partir dans une grotte au Mullerthal fera aussi très bien l’affaire (oublier le lac, c’est aussi bondé qu’un vol lowcost). La seconde et la meilleure solution qui s’offre à vous : les nombreuses plages urbaines que nous offre le Grand-Duché. Qui n’a pas rêvé de parfaire son bronzage entouré de voitures entrant dans un parking place du Théâtre ? La bonne nouvelle c’est que cette saison, on ne saura plus où donner de la tête. Les plages se multiplient à vue d’œil chaque année. Vous pourrez donc aller vous dorer la pilule à la Cloche d’Or par exemple si la place du Théâtre est trop prisée. Pour plus de dépaysement, vous pourrez alterner entre la Lënster Plage à Junglinster, qui propose d’accompagner le bronzage de DJ Sets et cocktails, le désormais classique, Beach Club d’Hesperange (les enfants peuvent s’y baigner), le Wicki Beach et ses fêtes à Belval et le tout nouveau Mamer Plage. L’illusion ne sera peut-être pas parfaite, on est d’accord. L’idée de mettre du sable dans un espace urbain déjà victime du réchauffement peut sembler douteux, mais soyons fous. Qui sait, dans quelques années, la mer finira par arriver jusqu’au Grand-Duché…

L’été sera chaud !

Mylène Carrière
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