À propos Rotondes

Chance pour l'avenir

d'Lëtzebuerger Land du 25.05.2000

En parlant des Rotondes, on ne peut s'empêcher de penser également à toute la zone qui longe la rocade de Bonnevoie, ce quartier de la ville de Luxembourg qui a constitué si longtemps, comme l'a écrit Ben Fayot il y a quelques semaines « un ensemble d'endroits parmi les plus laids de la ville ». Le renouveau de ce quartier qui commence, on l'espère, avec les nouvelles constructions prévues le long de la rue du Laboratoire et de l'avenue Charles de Gaulle, amènera peut-être la fin de la vie de faubourg-cendrillon mené par ce quartier depuis tellement d'années. L'aménagement global du site des rotondes et des ateliers des CFL est donc d'autant plus important que c'est l'occasion unique de revitaliser ce quartier, et de réaliser le lien si nécessaire entre le quartier de la gare et celui de Bonnevoie.

Aujourd'hui les ateliers des CFL font encore bloc opaque entre ces deux quartiers et la réalisation de la rocade n'a fait qu'accentuer cette situation. Il ne faudra donc pas se limiter à donner une nouvelle affectation à ce bâtiment, mais songer également à lui donner une grande transparence. 

L'ensemble des bâtiments des CFL représente un potentiel si puissant qu'il est impossible de diviser ce site en plusieurs morceaux pour lesquels les décisions seraient prises au compte goutte. Ici l'enjeu constitue l'élaboration d'une stratégie d'occupation se déroulant à long terme avec une flexibilité maximale pour le développement futur, combinée à une structure urbaine de qualité. Il s'agit d'une grande intervention urbanistique et architecturale d'un impact plus que considérable sur le futur de la vie de cette partie de la ville.

L'étude du site devra porter sur le repositionnement du site par rapport à la ville et au développement global de ce paysage où coexistent paysage urbain, paysage industriel et monuments classés.

Dans ce contexte urbanistique, la qualité architecturale des rotondes doit être profondément respectée. La nouvelle affectation de ces bâtiments devra être choisie de façon à ce que l'aspect intérieur et extérieur puisse être maintenu et mis en valeur.

Les deux rotondes, à plan central ont été construites en 1875. Leur espace intérieur est défini par les 19 colonnes métalliques, qui, se combinant avec les nervures de la charpente métallique du toit forment une structure squelettique clairement définie. Dans les gros murs en pierre délimitant l'espace intérieur s'ouvrent des baies de fenêtres généreuses exprimant le caractère ouvert et quelque peu ambigu de la structure massive de l'enveloppe.

En entrant dans ces lieux, nos yeux sont attirés immédiatement vers le haut où nous découvrons un bel exemple de construction liant rationalisme et poésie. La charpente mé-tallique de la toiture des rotondes est d'une grande finesse et réalisée avec une savante économie de matière. L'éclairage zénithal met en valeur la légèreté de la structure constituée de poutrelles métalliques courbes et de tirants en croix de Saint-André constituant le contreventement de la charpente. La descente des char-ges est dirigée moyennant de très fines colonnes - situées devant le bandeau de fenêtres placé sous la coupole - vers l'anneau qui repose sur les imposantes colonnes de presque neuf mètres de hauteur, lesquelles rythment l'espace et lui confèrent une certaine grandeur. Chaque élément a sa raison d'être, sa fonction.

La dimension verticale de ces lieux est accentuée par l'enchaînement en hauteur de trois espaces architecturaux de plus en plus petits.  La surface au sol  forme un plan circulaire de 52 mètres de diamètre. Les 19 colonnes imposantes délimitent le déambulatoire - d'une hauteur de neuf mètres - de l'espace central lequel se développe sur la hauteur totale de 17 mètres. Cet espace est surmonté d'une coupole à cintre surbaissé de 31 mètres de diamètre qui repose sur le bandeau vitré par lequel la lumière entre à grands flots, et se termine par un petit tambour de huit mètres de diamètre, couvert d'une calotte.

Cet espace d'une grande rationalité, créé pour être au service de la technologie de la fin du XIXe siècle ne nous laisse nullement indifférent.

 

L'auteure est architecte

 

Arlette Schneiders
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