CRP Gabriel Lippmann

Recherche de fonds ?

d'Lëtzebuerger Land vom 26.06.2008

Le Centre de recherche public Gabriel Lippmann (GL), créé en 1987, s’est développé en une « véritable entreprise », expliquait mardi dernier, René Elvinger, vice-président du conseil d’administration du centre, lors de la présentation du rapport annuel 2007. Dans la même veine, il précisait que « le centre a comme but de travailler dans l’intérêt des acteurs socio-économiques du pays ». Or, il semble y avoir des divergences entre les dirigeants et l’État au niveau des mesures qu’il faudrait appliquer pour encourager une recherche dirigée vers le marché.   

En 2007, le total des charges s’élevait à 13,8 millions d’euros, dont la majorité était couverte par le ministère de la Culture, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MCESR), puis par le « competitive funding », et finalement par des contrats de recherche. Mais comme l’a fait remarquer Fernand Reinig, secrétaire du conseil de l’administration, « la fragilité de l’équilibre financier du centre s’exprime, entre autres, par le fait que personne au GL ne peut influencer ces ressources. » Pour assurer la stabilité financière du centre de recherche, le GL et le MCESR avaient en effet conclu, en mai de cette année, une nouvelle convention pluriannuelle pour la période 2008-2010. Cet engagement du centre de recherche auprès du ministère de François Biltgen prévoit, notamment, une plus grande collaboration avec l’université et d’autres acteurs au Luxembourg, ainsi qu’à l’étranger. 

Cependant, bien que le MCSER assume encore la majorité des charges finan­cières du centre de recherche, ce dernier veut que le pourcentage de sa participation diminue au cours des prochaines années. Ainsi, les 63 pour cent de contribution au budget annuel de Gabriel Lippmann en 2008 ne seront plus qu’à 60 pour cent en 2010. Sachant que les charges sont prévues pour progresser au cours des prochaines années, l’État contribuera donc au financement du centre avec plus ou moins le même montant qu’avant, mais plus la même part relative. 

Le GL devra donc rechercher des source de financement de tiers comme l’Union européenne ou bien des partenaires privés. Pierre Decker, Conseiller de gouvernement auprès du MCESR, a assuré dans un entretien au Land que cette réduction a pour but d’inciter le GL à produire plus de résultats en termes de brevets et de formation : « Il s’agit de garantir une certaine finalité socio-économique pour les projets en cours », a-t-il indiqué.

Or, si la diminution de la participation étatique apportera peut-être un certain dynamisme à court terme, elle ne fera pas que des heureux à long terme. Dans un entretien au Land, Fernand Reinig craint que « les chercheurs risquent de passer la majorité de leur temps à la collecte de fonds, plutôt que de se consacrer entièrement à la recherche. » Le secrétaire du conseil de l’administration juge qu’il faut attendre les résultats des trois prochaines années avant d’opérer le désengagement envisagé. C’est alors que le MCESR pourra conclure que la diminution de sa participation est vraiment la meilleure solution. 

Dans le cadre de l’agenda de Lisbonne, auquel le gouvernement a souscrit pleinement, on pourrait interpréter la réduction de la par-ticipation de l’État comme un moyen de promouvoir l’innovation. Or, on peut craindre que cette stratégie qui consiste à tailler des croupières dans le financement public produise un effet boule de neige et nuise finalement à un autre pilier clé du programme de l’Union européenne : la recherche et le développement. 

David Goebbels
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