Neie Lycée

Du concret!

d'Lëtzebuerger Land du 03.03.2005

La douche froide de Pisa a forcé la discussion fondamentale sur le système de l'enseignement secondaire. Mais la ministre de l'Éducation nationale, Mady Delvaux, veut aller plus loin encore pour tester aussi le niveau des élèves du primaire. L'année prochaine, les élèves de cinquième répondront présents à l'étude internationale Timms qui vérifie leurs compétences en matière de lecture. «J'appréhende d'ores et déjà les résultats à cause de la situation linguistique difficile, a-t-elle lancé mardi lors d'une conférence publique à Walferdange, mais c'est l'occasion de faire le point sur les capacités de lecture et de compréhension des textes des élèves plus jeunes.» C'est la raison pour laquelle sa première priorité est de définir une liste de compétences auxquelles doivent répondre à l'avenir les élèves de sixième primaire, neuvième et quatrième secondaires. Un groupe de travail de représentants des deux enseignements est chargé d'élaborer un premier aperçu de standards qui seront ensuite fignolés en concertation avec les acteurs de la société civile et du monde professionnel. Peu importent les méthodes d'enseignement ou les programmes, l'essentiel est de mener l'élève là où il aura atteint les connaissances et les compétences nécessaires pour continuer ses études ou réussir son métier. Parallèlement, il faut élaborer des instruments d'évaluation de ces compétences, ce qui n'est pas évident. Une tâche difficile, car la situation luxembourgeoise ne permet pas de faire un simple copier/coller des instruments adaptés aux réalités de l'étranger. La ministre penche toutefois pour les modèles finlandais ou canadien, plus humanistes à ses yeux que les Bildungsstandards allemands. Promouvoir la liberté d'enseigner signifie se libérer des programmes et manuels rigides, imposés aux enseignants. «Si les programmes ont la priorité par rapport aux élèves, c'est qu'il y a un problème, commente la ministre, c'est la raison pour laquelle nous sommes en train de redéfinir l'ensemble du plan d'études. Mais le défi principal, c'est de fixer des objectifs à atteindre.» De nouvelles propositions sont avancées pour réformer la loi sur l'enseignement de 1912 : le primaire sera divisé en trois cycles de deux années que les élèves pourront passer selon leur propre rythme. Trois ans pour ceux qui ont des difficultés ou même une seule année pour les plus doués. Ce qui implique un enseignement différencié, adapté à chaque élève et évitera un redoublement contreproductif pour les petits (un tiers des élèves redoublent actuellement l'école primaire, ce qui est énorme). Le bulletin traditionnel sera abandonné pour les élèves du cycle inférieur. La ministre voudrait aussi favoriser la création d'une véritable identité de chaque école primaire et créer parallèlement des centres régionaux de diagnostic : des établissements dotés de logopèdes, éducateurs, psychologues etc. La loi devra donc être réformée pour permettre aux communes d'embaucher des professionnels non enseignants dans les écoles. D'ailleurs, certains bourgmestres ont déjà fait part de leur intérêt de lancer un projet-pilote du style Neie Lycée avec sa journée continue au niveau primaire. Des initiatives accueillies avec enthousiasme par la ministre, fière d'annoncer que les premières tentatives seront lancées dès 2006. Avec le risque de provoquer des migrations intérieures importantes de la population avec progéniture !

 

 

anne heniqui
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