The very last Cha Cha Cha

Docu-fictions bien de chez nous

d'Lëtzebuerger Land du 14.12.2000

L'ouverture du marché de Noël, place d'Armes, est toujours un signe précurseur : bientôt sortiront les nouvelles cassettes vidéo de la série Films made in Luxembourg que le CNA édite chaque année pour les fêtes de fin d'année. Histoire d'aider les indécis à trouver un cadeau de dernière minute et de promouvoir les films luxembourgeois par la même occasion. Or, si les années précédentes, chaque édition réservait quelques surprises et recelait quelques bijoux à découvrir, celle de année est plutôt décevante. 

Ainsi sont réédités en coffret les 18 Portraits d'artistes produits par samsa. Une bonne idée, certes, que de les présenter ainsi, comme une anthologie des artistes ayant travaillé au Luxembourg dans les années 1990 ; toutefois, chaque cassette de six films avait déjà été éditée individuellement les années précédentes et en plus, ces portraits étaient diffusés sur RTL Tele Lëtzebuerg la même semaine que paraissait la cassette.

Les deux high-lights de cette édition sont certainement Little Big One de Pascal Becker (RTL/CNA) et André et les voix dissidentes de Donato Rotunno (Tarantula), deux documentaires dont le premier revendique être apolitique et le deuxième tout le contraire, s'intéresse justement au militantisme politique. Pascal Becker a fait une histoire du Luxembourg du XXe siècle vu à travers les images de cinéastes amateurs, que le CNA a collectées et archivées ces dernières années. Son film a été plusieurs fois diffusé par RTL Tele Lëtzebuerg il y a un an et fut déjà édité en cassette vidéo au début de cette année. Pour cette réédition-ci le film a toutefois été traduit en français. 

Le portrait de Donato Rotunno sur André Hoffmann, alors député, actuellement échevin de La Gauche à Esch, a été présenté en salle, mais peu programmé. Sa sortie sur cassette vidéo est donc une bonne nouvelle.

Reste alors une seule surprise : le documentaire The Very Last Cha Cha Cha d'Andy Bausch, qu'on pourrait voir dans le contexte de sa série de films de musique - avec Rockin' Warriors ou Thés dansants. Ce film avait tellement fait l'Arlésienne, on en a tellement jasé dans les chaumières qu'on n'y croyait plus vraiment. Basé sur la documentation d'un concert de Thierry van Werveke avec taboola rasa, qui a eu lieu en juin 1999, le film est avant tout un portrait de l'acteur-chanteur Thierry van Werveke. Le produit fini comportant sept chansons est un hybride, car il mélange films d'amateur et clip léché en noir et blanc, chansons jouées lors du concert, playbacks, moments volés durant les répétitions et interviews avec Thierry van Werveke et Serge Tonnar, un des instigateurs du projet. 

On connaît l'amitié qui lie Andy Bausch et Thierry van Werveke, compagnons de route depuis de longues années, dans le travail au plus tard depuis le premier Troublemaker. Mais on ne comprend pas vraiment pourquoi Andy Bausch a fait ce film. Tout le long, il scrute le visage de Thierry van Werveke, de façon a devenir même collant, de se faire voyeur - comme cet acharnement sur les émotions que le chanteur ressent sur scène. « Que veux-tu que je te dise ?, rétorque ce dernier, sur scène, les moments intenses se suivent ; ils se donnent la main pour ainsi dire. » Ou encore : « Les gens qui viennent me voir depuis des années, toujours fidèles, je les considère comme mes copains. Depuis toutes ces années. Tu imagines ? : ils m'aiment ! Et moi j'ai besoin qu'on m'aime. » Comme si ces phrases toutes simples ne suffisaient pas, comme si Thierry van Werveke était une star amerloque et Andy Bausch un journaliste people de chez TF1, il ne le lâche pas et montre même au ralenti (!) une scène particulièrement émouvante du concert.

Ni actuel, ni inventif, ni vraiment original ou esthétique, The Very Last Cha Cha Cha ne convainc guère. Surtout venant d'un vieux routier comme Andy Bausch. 

 

The Very Last Cha Cha Cha, Thierry van Werveke et taboola rasa, réalisé par Andy Bausch, version luxembourgeoise, 650 francs ; Little Big One réalisé par Pascal Becker, produit par le CNA et RTL, version luxembourgeoise et française, 750 francs ; André et les voix dissidentes, réalisé par Donato Rotunno, produit par Tarantula, version luxembourgeoise, sous-titres français, 700 francs, et le coffret de 18 Portraits d'artistes, produit par samsa film, version luxembourgeoise et française, 1 750 francs les trois cassettes. Les cassettes sont disponibles dans le traditionnels points de vente du circuit Films made in Luxembourg.

 

josée hansen
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