Ce jeudi matin, le ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel (DP), devait présenter la position que le Luxembourg adoptera à la conférence internationale organisée entre les 17 et 20 juin à New York pour la mise en œuvre de la solution à deux États. Le problème est que cette position n’est pas encore arrêtée. Le Luxembourg attend depuis 2014 le « moment opportun » pour reconnaître l’État de Palestine. Xavier Bettel voit aujourd’hui « un moment clé ». Le vice-Premier ministre a souligné la « souffrance du peuple palestinien » : Plus de 50 000 morts dans la bande de Gaza et la colonisation israélienne qui se poursuit en Cisjordanie. Xavier Bettel répète vouloir « mettre la pression sur le gouvernement israélien ». Le but : faire cesser le feu et acheminer les convois humanitaires dans un premier temps. Dans un second temps, il s’agira de « normaliser les relations entre Israël et la Palestine ».
Selon Xavier Bettel, le Luxembourg appartient à un groupe de quinze pays qui pourraient rejoindre les 148 qui ont déjà reconnu l’État palestinien (sur 193 membres des Nations unies). « La plupart » de ces quinze États seraient européens, a dévoilé le ministre tout en taisant la liste devant la presse réunie dans l’ancien palais de justice. Il ne serait pas étonnant d’y trouver la France. Son président, Emmanuel Macron (proche de Bettel) a déjà avancé son intention de principe.
En pratique, ce groupe de pays entend imposer à l’Autorité palestinienne toute une série de conditions, appelées ici « critères » ou « package ». (L’Autorité palestinienne n’y fait pas référence dans sa communication officielle lundi au sujet du coup de fil de Luc Frieden (CSV). Le Premier ministre a appelé le président israélien, Isaac Herzog le lendemanin.) Ce jeudi, devant la Commission des Affaires étrangères puis devant la presse, Xavier Bettel a rappelé combien, lors des échanges avec ses interlocuteurs du gouvernement israélien, ces derniers s’inquiétaient d’un nouveau 7 octobre. Dans la rhétorique betellienne, ces « critères » permettraient de s’en prémunir : Exil des dirigeant du Hamas, organisation de nouvelles élections, condamnation officielle des attaques terroristes du 7 octobre ou encore déradicalisation de l’éducation. Xavier Bettel a fait référence à cette page de manuel scolaire de l’Unrwa où une « terroriste palestinienne » est glorifiée… « On ne peut pas donner un chèque en blanc aux Palestiniens », avertit le même ministre qui entend « faire pression » sur Israël. Puis il faudrait que les États arabes s’engagent à reconstruire Gaza et que des pays qui n’ont pas reconnu Israël (comme la Malaisie, l’Indonésie ou l’Arabie saoudite) franchissent le pas. « Rien n’est demandé à Israël », s’étonne Sam Tanson (Déi Gréng) face au Land. « C’est un écran de fumée, des conditions irréalisables, un village Potemkine pour donner l’illusion qu’on agit », s’énerve Franz Fayot (LSAP).
« Mon plus grand souhait serait que le Luxembourg reconnaisse la Palestine dans quinze jours », a osé Xavier Bettel ce jeudi. Il faudra pour cela « un effet domino », qu’un certain nombre de pays s’accordent sur ces « critères ». Mais « nous sommes optimistes », a conclu le vice-Premier ministre.