Le président de la FLF, Paul Philipp, sur les progrès du foot luxembourgeois, ses réussites et ses écueils en matière d’intégration

«  Step by step  »

Paul Philipp, lundi au siège de la FLF
Photo: Sven Becker
d'Lëtzebuerger Land du 07.07.2023

Le plus gros employeur bancaire du Luxembourg, la BGL, et sa plus importante fédération sportive en nombre de licenciés (47 000), la FLF, ont annoncé vendredi dernier repartir pour trois ans de branding de la principale compétition nationale de football. L’équipe nationale masculine a ramené une remarquable victoire de Bosnie-Herzégovine voilà deux semaines, sur fond de polémique sur le comportement des joueurs. Cette semaine, les footballeurs français s’expriment sur les émeutes dans l’Hexagone voisin. Nous sollicitons le président de la Fédération sur le rôle que joue le football dans l’intégration sociale.

Paul Philipp reçoit le Land lundi après-midi à Mondercange au quartier général de la FLF qu’il préside. C’est un siège administratif hyper fonctionnel, bâti dans la première décennie des années 2000. Aux étages, les bureaux et salles de réunion. Au rez-de-chaussée, les équipements. Au rez-de-terrain, les salles de kiné, de muscu et les vestiaires d’où les enfants de l’école de football rejoignent directement les pelouses synthétiques flambant neuves. Quelques dizaines de mètres plus loin, le dôme où les graines de champions s’entraînent l’hiver : un terrain de taille officielle (soixante mètres sur cent) est protégé par une immense bulle. C’est là que se « pré-forment » les jeunes footballeurs. « Ils viennent tous les jours. Toutes les catégories jusqu’au U18, après avoir été détectés au niveau régional », détaille Paul Philipp. « On va les chercher tous les jours après l’école avec nos camionnettes (des vans Volkswagen tout confort, ndlr) à des points clefs dans tout le pays. On a engagé des instituteurs pour le soutien scolaire. Le but est que le soir, quand ils rentrent, tous les devoirs soient faits », relate celui qui a lancé le système quelques temps après son arrivée.

Dans le couloir, Paul Philipp s’arrête devant une photo de la sélection masculine. « La moitié de l’équipe nationale est passée par là ». Il désigne Leandro Barreiro, star locale jouant à Mayence : « Quand ils arrivent ici, ils ont douze ans. Il faut attendre que cela rapporte quelque chose. » Une soixantaine évoluent maintenant dans des centres de formation en Allemagne ou en Belgique pour, espèrent-ils, entamer une carrière professionnelle. Quand Paul Philipp est arrivé en 2004, trois Luxembourgeois gagnaient leur vie en jouant au ballon rond. « Il faut dire que l’immigration, notamment en provenance d’ex-Yougoslavie, cela aide », poursuit-il. Le foot a une vertu intégratrice. La veille était organisé sur place le Girls Foot Day, en présence de la ministre socialiste Taina Bofferding. Dans le communiqué ministériel envoyé en marge de cet événement de promotion du football chez les filles, Paul Philipp fait valoir qu’il « n’y a plus de place pour des inégalités basées sur des clichés d‘un autre temps. » À quelques pas de la photo de la sélection masculine, celles des féminines. Il pointe l’unique professionnelle, Laura Miller, qui évolue au Standard de Liège.

Nous passons ensuite devant la cantine « où on sert à manger aux gamins quand ils reviennent des études ». Plus de trente personnes travaillent au siège de la Fédération. Ils étaient quatre quand Paul Philipp est arrivé en 2004. Sous sa présidence, le football luxembourgeois s’est structuré. Notamment sous la férule de Reinhold Breu, directeur technique recruté en Bavière (parti fin 2020) dont l’un des gros avantages était qu’il « ne connaissait personne au Luxembourg ». « Il faisait bien son travail. Il ne regardait pas si c’était le fils à machin. Il y a eu quelques grincements de dents, mais cela a fonctionné », témoigne le président. Il détaille les différents types de licenciés, comme le championnat « corporatif » pour les entreprises dont la finale a été jouée récemment et que BGL BNP Paribas a remporté. « Mais ce n’était pas fait exprès », plaisante-t-il en montant les escaliers. On entre dans la salle de réunion du deuxième étage où l’on mène l’entretien.

d’Land : Vous avez signé un nouveau partenariat avec BGL sur le branding de la reine des compétitions nationales. À combien s’élève ce sponsoring ? Qu’est-ce-que cela représente pour la FLF ?

Paul Philipp : Je ne peux pas vous donner les montants. Je vais me faire tuer. Les chiffres du sponsoring n’ont pas augmenté ces dernières années - j’ignore si cela est dû au Covid - mais nous avons gardé les partenaires qui arrivaient en fin de contrat. C’est la troisième fois qu’on signe avec eux. Ici pour trois saisons. C’est l’un des plus gros sponsors.

Quelle est la part du sponsoring dans le budget de la FLF qui est de huit millions d’euros ?

Si on ne compte pas les droits télé, c’est vingt pour cent. Beaucoup plus que l’argent qu’on reçoit de l’État (rires). Les principales recettes proviennent de l’UEFA. D’abord les droits de retransmission pour les matchs de l’équipe nationale. Ensuite les fonds alloués pour d’autres projets, comme les infrastructures. Ou le foot féminin si on parvient à soumettre un programme qui tient la route. Pas mal de choses ont changé niveau transparence. On ne reçoit pas l’argent comme ça. Ce qui est tout à fait normal.

L’UEFA apporte les trois quarts du budget avec 6,5 millions d’euros. Cela paraît énorme en revenu par licencié quand on compare à l’Allemagne, la France ou l’Angleterre qui touche 10,8 millions.

Bien-sûr. On ne serait pas en vie, ou en tout cas pas comme on est maintenant, sans l’apport de l’UEFA et de la Fifa (organisation internationale chapeautant le football, ndlr).

Et, dans ces instances, le Luxembourg a également une voix, comme les grands pays…

Oui et ce qui est important comme petite nation, c’est de se souvenir qui on est et d’où on vient. Les portes sont ouvertes, mais il ne faut pas en abuser. On a une voix comme l’Allemagne, mais ce n’est pas au Luxembourg de décider ce que l’Allemagne doit faire. Il ne faut pas trop marcher sur les platebandes des autres et vice-versa.

Il y a une diplomatie de l’UEFA ?

Exactement. Cela dit, il est rare que l’on vote sur des sujets hyper importants. On reçoit souvent une information et on nous demande si on est d’accord. Il y a tout… le sportif, mais aussi les droits TV. Il faut aussi souligner qu’on élit le comité exécutif. Et là, c’est important d’avoir un bon équilibre entre grandes et petites nations, des petites et moyennes entreprises (rires). C’est à eux qu’on donne le droit de gérer. Car il y a seulement un congrès UEFA et un congrès Fifa par an.

Comment sont répartis les huit millions d’euros de budget ?

Si on a un budget positif c’est parce que l’équipe nationale rapporte. L’école de foot, c’est à peu près un quart des dépenses. Idem pour l’administration et le département technique, avec un million pour les matchs internationaux. L’entretien de Mondercange coûte un demi-million. Quand on a un surplus, on le partage avec les clubs pour les formateurs. Quand on peut aider… mais pour donner, il faut d’abord avoir.

Vous avez été réélu en octobre dernier. Sur quel programme ?

Je crois que c’est sur la continuité. Quelque chose est en route. Tout le monde le remarque. Mais ce n’est pas que moi. Il y a toute une administration. Les gens voient surtout l’équipe nationale. C’est la vitrine bien-sûr, mais il y a également le foot féminin ou l’entrainement qualifié. Là, le ministère des Sports aide avec des subsides.

Quand vous avez accédé à la tête de la fédération, le Luxembourg évoluait autour de la 140e place du classement Fifa. Il évolue aujourd’hui autour de la 80e. Avec le succès de l’équipe nationale, attendez vous davantage de subventions publiques ? Que des partis se prononcent sur le rôle que peut jouer le sport ?

C’est délicat de dire « donnez à la FLF », même si on a besoin d’argent et qu’on ne doit pas se plaindre par rapport à d’autres. Nous devons spécifier nos besoins. Le football c’est le pognon. C’est vrai. Mais on oublie énormément le vecteur d’intégration. Regardez cette photo. (Il montre une photo de la sélection en taille réelle sur le mur). Deux dont je tairai les noms m’ont dit, si on n’avait pas eu le foot on aurait terminé à la gare de Luxembourg. Tout le monde ne doit pas devenir international évidemment. Mais rien que de venir dans un club de football, participer aux entraînements (pendant que les parents travaillent, le cas échéant), apprendre à gagner ou à perdre… c’est une école fantastique. C’est là où l’on pourrait aider davantage.

Comment plus d’argent aiderait-il ?

À avoir un entrainement qualifié. Les infrastructures, ça va. Parce que les communes jouent le jeu. Quand les Belges de la province du Luxembourg viennent chez nous, ils disent ‘houla’. Ils comprennent plus rien. Mais c’est surtout pour l’encadrement. Les enfants s’entrainent l’après-midi. Ce n’est pas toujours facile pour les encadrants qui travaillent, sauf si c’est un retraité ou un instituteur. Comment compenser ? Avec un congé d’éducation pour l’encadrement. Un de nos buts ces dernières années, au vu des licences de jeunes, c’est qu’un jeune garçon ou qu’une jeune fille trouve à proximité de chez lui un club de football qui ait une catégorie d’âge où il peut jouer. Qu’ils restent avec ses amis. Un club de petit village ne trouve pas toujours les ressources humaines pour encadrer une dizaine d’équipes. L’État peut aider à remplir ce rôle social. Et on ne dit pas qu’on ne nous aide pas. Cela serait mentir. Mais on ne fait jamais assez pour les jeunes.

La victoire récente en Bosnie-Herzégovine a été saluée au delà des frontières, même sans deux joueurs phares de la sélection. Mais des comportements ont suscité des commentaires.

Les deux joueurs, c’était deux cas très différents. Vincent Thill n’a pas très bien joué durant la première période. Ce n’était pas le seul, mais il a été sorti à la mi-temps. Il est parti du stage après le match sans prévenir l’entraineur. Gerson Rodrigues n’a pas commencé le match, mais a marqué. Il nous a même fait gagner. C’est un artiste. Avec tout ce que cela comporte. Je répète ce que l’entraineur (Luc Holtz) m’a dit. Le jour d’après, il n’était pas à l’entraînement. Le sélectionneur l’a contacté et comme ce n’était pas la première fois…

Mais Gerson Rodrigues a bien été entendu par la police ?

Oui, mais c’est une autre histoire avec sa copine.

Des violences conjugales ?

Certains ont dit ça sur les réseaux sociaux. Soi disant, il aurait touché sa copine. La police l’a entendu au stade, car c’est le seul lieu où ils savaient qu’il irait avec certitude vu qu’il voyage beaucoup. Ils sont venus puis ils sont repartis.

Dans le sport de haut niveau, on rappelle aux joueurs leur devoir d’exemplarité, n’est-ce pas ?

Bien sûr, on veut de l’exemplarité. Tout le monde l’a un peu su via Facebook… Ce n’est pas facile de gérer 25 égos et là ce sont des petites vedettes.

En France ces derniers jours, les réactions de Kylian Mbappé sur les réseaux sociaux ont été scrutées en marge des émeutes. La star française a été accusée d’avoir soufflé sur les braises après la mort du jeune Nahel et d’avoir tardé à calmer le jeu quand les banlieues se sont embrasées. Est-ce normal ?

Est-ce qu’on les force pas indirectement un petit peu ? D’avoir des comptes sur les réseaux sociaux… si vous voulez rester dans le business. C’est le problème. Je parle-là des stars qui négocient leurs droits à l’image. On ne peut pas dire que ça n’existe pas parce qu’on a la preuve 49 fois par jour. Il faut s’en accommoder. Après la défaite contre Malte, Gerson Rodriguez était encore entouré de 300 ou 400 jeunes à signer des autographes. Il jouait le jeu aussi… il a une ligne de vêtements… de notre temps cinq minutes après la défaite on se faisait sonner les cloches au vestiaire. C’est une énorme responsabilité et ils ne sont pas toujours formés pour donner leur avis.

Cette responsabilité ne revient pas non plus aux entraîneurs...

Quand le professeur a un problème avec un jeune de chez nous qui ne fait pas assez ses devoirs, il se tourne vers l’entraîneur et lui demande de le priver d’entraînement s’il n’y a pas de progrès. Cela a beaucoup plus d’influence que si le professeur le dit lui-même. Le football est un levier. Il faut en être conscient. C’est aussi une grande responsabilité.

Vous évoquiez le travail en cours pour le foot féminin. Le football est aussi vecteur d’inclusion. L’UEFA finance des campagnes de tolérance. En cette Luxembourg Pride Week, la FLF a t-elle organisé des programmes de sensibilisation pour éduquer ses affiliés ? Travaille-t-elle sur ces sujets ?

Oui, alors notre premier souci, c’était le football féminin (entre huit et dix pour cent des licenciés, ndlr). Parce qu’il faut dire que dans le foot on a des clichés d’un autre temps. Il nous fallait montrer aux gens qu’il était tout à fait normal qu’une fille joue au foot.

Egalité des genres donc…

Oui exactement. Donner les mêmes chances. C’est assez difficile. On est tout de suite mis d’un côté ou de l’autre. Ce n’est pas évident. Par exemple, les filles ne touchent pas les mêmes primes au Paris-Saint-Germain que Mbappé. Il y a toujours la règle de l’offre et de la demande. Si on voulait retourner le problème… l’aide de l’UEFA est largement insuffisante par rapport aux efforts financiers. On fait cinq fois plus d’investissements dans le foot féminin qu’avant, mais les subsides de l’UEFA pour cela n’ont pas augmenté. Actuellement nos filles participent aux qualifications, elles font des stages pour préparer leur matchs comme les garçons… mais c’est grâce à l’argent qui rentre des garçons. Parce que nous on doit aussi fonctionner.

Donc vous manquez d’argent pour mener des programmes ?

Non. Non. On ne manque pas d’argent. On veut faire plus pour les filles, mais on doit avoir l’argent pour le faire.

Et pour les programmes de sensibilisation contre l’homophobie et le racisme ?

Contre l’homophobie et le racisme on a une charte, des spots TV… oui… c’est step by step.

Quels sont les endroits où l’on joue le plus au foot au Luxembourg ? Est-ce que des analyses ont été menées, notamment pour mener des projets sociaux ?

Il y a plus de clubs dans le Sud du pays. Si on prend Esch, à l’époque c’était la ville des Italiens. Géographiquement, les localités sont plus proches les unes des autres aussi dans le Sud (ce qui facilite l’écosystème et les compétitions, ndlr). À Luxembourg au début des années 2000, il y a eu une grande fusion de laquelle est née le Racing (présidé par la notaire Karine Reuter, ndlr). À mon époque, en première division, il y avait quatre ou cinq clubs de la capitale. Comme le Spora (Belair), n’existe plus, Merl croule sous les demandes alors que le club a déjà une vingtaine d’équipes. La fusion génère une baisse du nombre de licences et un manque de solutions pour les jeunes qui cherchent un club dans le quartier.

Le déclin du foot dans la capitale n’est pas lié au marché du travail, avec par exemple des étrangers de passage pour un emploi ?

Peut-être pour ces salariés de passage, mais on voit aussi que l’immigration se dirige massivement vers le foot. On le constate ici à l’école. Ils viennent tous de quelque part. Ex-Yougoslavie, deuxième génération. Cap Vert, deuxième ou troisième, Italie et Portugal c’est encore plus ancien. Nous, on en profite énormément dans les sélections. Mais je vais aussi voir les matchs de barrage des divisions inférieures. Sur les 22 joueurs, 16 ou 17 sont de couleur. Et ce sont des gens intégrés qui parlent mieux luxembourgeois que moi. Cette intégration à travers le foot, c’est une des choses dont nous sommes le plus fiers, à tous les niveaux. Si on n’avait que des Schmitt ou des Thill, on n’aurait pas beaucoup de clubs. Chaque lundi, on donne des cours de Luxembourgeois aux parents qui en ont besoin pour accéder à la nationalité et que leurs enfants jouent en sélection officielle.

Le football catalyseur d’intégration. Mais n’y a t-il pas un certain miroir aux alouettes vis-à-vis de la professionnalisation ?

Oui, l’attente des parents envers les enfants est parfois démesurée. Chaque début de saison, on explique le système : les études, les navettes, ce qu’on donne à manger, etc. J’explique qu’un des buts de l’école de foot est de donner un maximum de chances à un gamin ou une gamine qui souhaite devenir pro, mais je précise toujours que la majorité n’y parvient pas.

Qu’en est-il de la professionnalisation en BGL Ligue?

C’est très difficile de dire. Tous les joueurs sont payés par les clubs. Certains ont des contrats de travail, employés par le club. D’autres touchent de l’argent sans contrat. Une partie des joueurs ont un travail à côté. Aucun club ne remplit vraiment les critères de l’UEFA en matière de professionnalisation, sur le nombre de joueurs sous contrats, d’entraîneurs, etc. Les clubs ne veulent ou ne peuvent pas s’y tenir.

Que pensez vous du recours déposé par Flavio Becca (propriétaire du Swift Hesperange) contre la fédération et l’UEFA lesquelles empêcheraient les clubs de créer et gérer des compétitions transnationales ?

Ce truc est entre les mains des avocats. Cela va durer très longtemps.

Un club n’a pas le droit de participer à un championnat étranger. Il doit jouer dans celui de sa juridiction de résidence?

Si. Mais il n’aura pas les avantages qu’il a ici. Par exemple d’accéder à une coupe d’Europe sur les places allouées au Luxembourg.

On peut pas gagner de l’argent avec un club de foot au Luxembourg faute de masse critique ?

Il n’y a pas d’argent de la télévision. Le public n’est pas là en masse. Il n’y a pas le retour sur les investissements nécessaires pour remplir les critères UEFA..

Biographie 

Paul Philipp, né le 21 octobre 1950 à Dommeldange, a été réélu en octobre dernier à la tête de le Fédération luxembourgeoise de football (FLF). Il avait succédé en 2004 à Henri Roemer. À l’inverse de son prédécesseur libéral et d’autres encore avant lui (Norbert Konter, CSV, René Van den Bulcke, LSAP, ou Émile Hamilius, DP), Paul Philipp n’appartient pas au sérail politique, jadis attiré par la popularité liée au foot. L’illustre moustachu a acquis sa notoriété en jouant au ballon rond, à Beggen et dans des grands clubs belges (l’un des trois professionnels luxembourgeois de son époque), puis en devenant sélectionneur, de 1985 à 2001. pso

Pierre Sorlut
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